Voyage Evasion Découverte
By Steph
BLOG POUR LES AMOUREUX DES VOYAGES
DESTINATIONS DE VOYAGES
CONSEILS PRATIQUES
——————————————————————————————————————————————————————————————————————————
Californie - Idaho - Wyoming - Montana - Dakota du Sud - Utah
Sequoia National Park - Yosemite - Mono Lake - Craters of the Moon - Grand Teton - Yellowstone - Cody
Bighorn Canyon - Devils Tower - Badlands National Park - Mount Rushmore Memorial
Crazy Horse Memorial - Custer State Park - Flaming Gorge National Recreation - Salt Lake City
D’une beauté extraordinaire…
Traversant la Californie, le Nevada, l’Utah, le Wyoming, le Montana et le Dakota du Sud, notre voyage nous a conduits à travers certains des plus beaux parcs nationaux et sites naturels des États-Unis.
C’est une véritable mosaïque de paysages exceptionnels, passant du grandiose et paisible à l’impressionnant et sauvage. Montagnes enneigées, déserts de roche rouge, canyons vertigineux, forêts denses et plaines infinies : tout y est démesuré, tout y est fascinant.
En 2005, nous avions déjà réalisé un premier road trip dans l’Ouest américain, et nous en gardions un souvenir impérissable. Mais les vacances de quinze jours ne permettent pas de tout voir — il restait tant à découvrir…
Alors, en septembre 2011, nous avons décidé de repartir, cette fois pour un second périple de deux semaines, incluant aussi plusieurs États du Nord-Ouest américain.
⚠️ Important : Avant de partir, pensez à faire votre demande d’ESTA (autorisation électronique de voyage) indispensable pour entrer sur le territoire américain.
⚠️ Attention : Comme dans d’autres pays, certaines régions des États-Unis connaissent une infestation de punaises de lit. Prenez quelques précautions simples. Lien : Punaises de lit
Nous sommes arrivés à l’aéroport de Los Angeles en fin de matinée. À peine sortis de l’aéroport, nous avons récupéré notre voiture de location, un modèle spacieux et confortable, avec un grand coffre pour nos valises — indispensable pour un long road trip à trois !
Connaissant déjà L.A., nous avons préféré ne pas nous attarder et prendre directement la route vers notre première étape : le Sequoia National Park.
Le parc se trouve à environ 360 km, soit 4h30 de route. Nous avons longé des paysages typiques de Californie, alternant plaines dorées, collines et vergers, avant de gagner un peu d’altitude.
En fin d’après-midi, nous avons fait halte sur la Route 198, quelques kilomètres après le lac Kaweah, pour passer la nuit au Comfort Inn & Suites Sequoia Kings Canyon.
Un hôtel simple et confortable, idéalement situé pour être aux portes du parc dès le lendemain matin.
💳 Le bon plan : Pass America The Beautiful
Avant d’entrer dans votre premier parc national, n’oubliez pas d’acheter le Pass America The Beautiful à la guérite d’entrée.
Ce pass coûte 80 $ (en 2011) et est valable un an pour :
Il permet un accès illimité à tous les parcs nationaux des États-Unis.
Autant dire qu’il est vite rentabilisé si, comme nous, vous prévoyez d’en visiter plus de quatre au cours de votre périple !
Liste des parcs acceptant la Carte Pass (2 000 parcs) Informations sur le Pass en pdf (Brochure en français)
Sequoia National Park : Californie Accepte le Pass America The Beautiful
L’entrée du parc se fait généralement par le Sud, près de la petite ville de Three Rivers, à Ash Mountain. Le Sequoia National Park s’étend sur 1 635 km² de reliefs montagneux et de forêts denses. Il abrite également le point culminant des États-Unis contigus, le Mont Whitney, qui s’élève à 4 421 mètres d’altitude.
Ce parc est mondialement célèbre pour ses séquoias géants, véritables colosses végétaux qui défient le temps. Le plus impressionnant d’entre eux, le General Sherman Tree, est considéré comme le plus grand arbre de la planète. Il pousse dans la Giant Forest, une forêt mythique qui regroupe cinq des dix plus grands arbres du monde.
Les conditions naturelles sont ici idéales pour leur croissance : une altitude parfaite, des hivers doux et humides, et
des étés chauds et secs. Leur écorce, gorgée de tanins, les rend presque imputrescibles. Il n’est pas rare de voir des troncs tombés depuis des décennies, encore intacts, couchés sur le sol comme des cathédrales effondrées.
Mais attention, ici, vous êtes aussi sur le territoire des ours. Ils vivent en totale liberté et il n’est pas rare d’en apercevoir au détour d’un sentier… mieux vaut rester vigilant !
🌲 Le General Sherman Tree
Véritable monument vivant, le General Sherman est un arbre hors du commun.
Âgé de 2 300 à 2 700 ans, il mesure 84 mètres de haut, avec un diamètre de
11 mètres à la base et un poids estimé à 1 256 tonnes. Sa première branche se trouve à 39 mètres du sol !
C’est un moment presque spirituel que de se retrouver au pied de ce géant silencieux, témoin de millénaires d’histoire naturelle.
🚶 Les sentiers incontournables
Depuis le General Sherman Tree, le Congress Trail propose une magnifique boucle de 3,2 km. Ce sentier traverse un univers de géants,
où la lumière filtre à travers les troncs monumentaux. On s’y sent minuscule, comme perdu dans une cathédrale de bois et de silence.
Pour une balade plus courte, le Big Trees Trail part du Giant Forest Museum : une boucle d’1,5 km qui offre un superbe panorama sur une prairie entourée de séquoias immenses.
Les plus courageux pourront grimper les 400 marches du Moro Rock Trail. Ce sentier spectaculaire mène au sommet d’un gigantesque monolithe de granit, le Moro Rock, offrant une vue à couper le souffle sur la vallée et les montagnes de la Sierra Nevada.
Après cette immersion dans un monde primitif et grandiose, nous avons repris la route en milieu d’après-midi en direction du Yosemite National Park, à environ 200 km (soit 2h30 de route).
Nous avons passé la nuit à Oakhurst, une petite ville agréable située à une vingtaine de kilomètres de l’entrée Sud du parc.
Yosemite National Park : Californie Accepte le Pass America The Beautiful
Avec une superficie totale de 3 081 km², le Yosemite National Park est le troisième plus grand parc de Californie. Classé parc national le 1er octobre 1890, il est aussi le deuxième plus ancien des États-Unis, juste après le mythique Yellowstone.
Chaque année, il attire des milliers de visiteurs, randonneurs, photographes et grimpeurs venus du monde entier, fascinés par ses chutes d’eau vertigineuses, ses dômes de granit et ses vallées glaciaires aux dimensions démesurées.
C’est un parc de haute montagne, niché au cœur de la Sierra Nevada, dont la diversité naturelle, la richesse géologique et la beauté à couper le souffle ont valu à Yosemite d’être classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984.
Sculpté au fil des millénaires par la glace, le vent et l’eau, le Yosemite offre un paysage d’une pureté incroyable — une nature brute, puissante, presque mystique.
⛰️ Les icônes du parc
Impossible de rester indifférent face aux pentes abruptes du Half Dome, véritable emblème du parc, culminant à près de 2 700 mètres d’altitude.
Son profil de granit poli, à moitié arraché par les glaciers, domine toute la vallée du Yosemite et semble défier le ciel.
Un peu plus loin, le légendaire El Capitan s’élève tel un mur de granit de plus de 900 mètres de haut. C’est le plus grand monolithe de granit du monde, un défi mythique pour les alpinistes du monde entier.
Depuis la vallée, sa silhouette massive, souvent baignée de lumière dorée au lever ou au coucher du soleil, offre un spectacle hypnotisant.
Et comment ne pas s’arrêter devant les Yosemite Falls, les plus hautes chutes d’eau d’Amérique du Nord, avec leurs 740 mètres de dénivelé !
Le grondement de l’eau, la fraîcheur de la brume et l’arc-en-ciel qui se dessine parfois dans le nuage de gouttelettes forment une scène tout simplement magique.
En fin de journée, nous avons repris la route vers l’Est pour rejoindre le Nevada.
Nous avons longé le magnifique lac Mono, un lac salé entouré de formations calcaires étranges appelées tufas, vestiges d’un ancien lac préhistorique.
Puis, en fin d’après-midi, nous sommes arrivés à Carson City, la capitale du Nevada, où nous avons passé la nuit avant de poursuivre notre route le lendemain.
Lac Mono : Californie
Situé à environ 13 km à l’Est du parc Yosemite, près de la petite ville de Lee Vining, le lac Mono (Mono Lake) est l’un des lieux les plus étranges et fascinants de Californie.
Niché au cœur d’une vaste caldeira volcanique, ce lac salé immobile, d’un bleu profond, forme un écosystème unique au monde, à la fois hostile et incroyablement vivant.
Ses 25 km de berges et ses 180 km² d’étendue d’eau accueillent une multitude d’oiseaux migrateurs et sédentaires, qui viennent s’y nourrir ou s’y reproduire.
C’est un véritable refuge ornithologique, particulièrement pour les mouettes de Californie, les avocettes d’Amérique et les phalaropes de Wilson.
Mais ce qui rend le lac vraiment spectaculaire, ce sont ses fameuses tufas, ces cheminées minérales blanches qui s’élèvent hors de l’eau comme les vestiges d’une cité engloutie.
Elles se forment lorsque les eaux chaudes sous pression, riches en ions calcium, rencontrent les eaux froides et alcalines du lac, saturées en anhydride carbonique.
Cette réaction chimique crée ces colonnes calcaires étranges, aujourd’hui exposées à l’air libre à cause de la baisse du niveau du lac.
Les rives méridionales, notamment vers South Tufa Area, sont les plus spectaculaires à visiter, surtout au lever ou au coucher du soleil : les couleurs dorées et rosées se reflètent dans l’eau calme et le spectacle est magique.
Le lac Mono est également connu pour sa salinité extrême : on estime à 280 000 tonnes la quantité de sel dissoute dans son eau, soit une concentration d’environ 78 g/litre — presque trois fois plus salée que l’océan !
Son pH de 10, proche de celui de la soude caustique, rend l’environnement invivable pour les poissons.
Pourtant, une petite crevette endémique, l’artémie, y prospère, constituant la base alimentaire de millions d’oiseaux.
L’endroit dégage une atmosphère étrange, presque lunaire, renforcée par le silence et les teintes minérales du paysage.
Une halte incontournable pour les amoureux de nature insolite et de photographie.
En fin d’après-midi, nous avons repris la route en direction du Nevada.
Après plusieurs heures de conduite à travers des paysages désertiques et des vallées encaissées, nous sommes arrivés dans la capitale, Carson City, où nous avons passé la nuit.
Le lendemain, une longue journée de route nous attendait : près de 774 km, soit environ 8 heures de trajet.
Oui, c’est beaucoup… mais je voulais absolument rejoindre l’Idaho pour nous rapprocher du Craters of the Moon National Monument, notre prochaine grande étape.
Paysages du Nevada
Nous avons choisi de nous arrêter dans la ville de Twin Falls pour y passer la nuit et reprendre des forces.
Craters of the Moon National Monument : Idaho Accepte le Pass America The Beautiful
Le lendemain, nous avons pris la route de bon matin vers le Craters of the Moon National Monument, situé à environ deux heures de Twin Falls. La route était agréable, bordée par les vastes plaines du Snake River Plateau, avant que n’apparaisse soudain, à l’horizon, un paysage surréaliste : un océan de lave figé depuis des millénaires.
Ce site, protégé au titre de Monument National Américain, est l’un des lieux les plus étonnants de tout l’Ouest américain.
Il s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres, couvrant trois grandes coulées de lave qui serpentent le long du rift de l’Idaho, une immense faille géologique.
Le paysage, noir, chaotique, presque apocalyptique, évoque immédiatement une surface lunaire — ce qui lui a valu son nom.
D’ailleurs, les astronautes de la mission Apollo 14 s’y sont entraînés dans les années 1970 pour se familiariser avec les terrains volcaniques avant leur départ vers la Lune.
En parcourant le site, on découvre une incroyable variété de formations géologiques :
Certains de ces tubes sont accessibles à pied (prévoir une lampe frontale !), et l’on s’y sent un peu comme un explorateur martien.
Le parc est relativement jeune sur le plan géologique : il s’est formé entre 15 000 et 2 000 ans avant notre ère, ce qui explique la bonne conservation des reliefs et la netteté des coulées.
Il existe plusieurs sentiers balisés, de la simple promenade au parcours plus sportif. Le Inferno Cone Trail offre une vue spectaculaire sur la mer de lave, tandis que le Broken Top Loop Trail serpente entre les cratères et les champs de scories noires.
Le contraste entre ce désert minéral et le bleu profond du ciel est saisissant.
En début d’après-midi, nous avons repris la route, quittant l’Idaho pour traverser les plaines du Wyoming.
Destination : Jackson Town, charmante petite ville située à 1 901 mètres d’altitude, au pied des majestueuses montagnes du Grand Teton National Park — la porte d’entrée sud du légendaire Yellowstone.
Jackson Town :
Jackson est une vraie carte postale du Far West : maisons en bois, rues bordées de galeries d’art, de boutiques
de chapeaux de cowboy et de saloons animés.
L’hiver, c’est une station de ski réputée, mais l’été, elle devient un paradis pour les amateurs de plein air : randonnée, pêche, rafting, équitation, ou simple farniente dans un décor de western.
Le centre-ville, avec sa place principale Town Square, est un incontournable.
On y trouve le fameux Million Dollar Cowboy Bar, rendu célèbre par plusieurs films hollywoodiens, et les quatre arches monumentales faites de centaines de bois de wapiti — un emblème de la ville.
L’ambiance y est conviviale et festive : on peut même faire un tour en calèche autour de la place, ou assister à une reconstitution de fusillade entre hors-la-loi et shérifs en costume d’époque, chaque soir à 18h15.
Un vrai plongeon dans l’Ouest d’autrefois !
Grand Teton National Park : Wyoming Accepte le Pass America The Beautiful
Situé au Nord-Ouest du Wyoming, le Grand Teton National Park est un véritable bijou naturel. Il offre un cadre idyllique où se mêlent montagnes majestueuses, vallées verdoyantes, rivières cristallines, lacs d’altitude et cascades scintillantes.
Son nom lui vient des premiers trappeurs français qui, émerveillés par la beauté des lieux, baptisèrent ainsi les trois hauts sommets de la chaîne montagneuse qui se dressaient devant eux : South Teton (3 814 m), Middle Teton (3 903 m) et Grand Teton (4 197 m).
Ces montagnes forment une muraille spectaculaire, souvent coiffée de neige, qui se reflète dans les eaux calmes des lacs environnants.
Le contraste entre les prairies dorées du bas et les pics acérés du massif donne au paysage une dimension presque irréelle.
⚠️ Attention toutefois : vous êtes ici en plein territoire des ours — noirs et grizzlis — qui vivent en totale liberté. Les rangers recommandent de ne jamais randonner seul, de faire du bruit sur les sentiers et d’emporter une bombe anti-ours, par précaution.
Les routes panoramiques (Scenic Drives)
Le parc se découvre aisément grâce à ses trois routes panoramiques :
sur une eau d’un bleu profond ;
Hole et la rivière Snake.
Les plus beaux points de vue
Pour les passionnés de photo, plusieurs spots incontournables s’imposent :
Pour les randonneurs
Le parc regorge de sentiers, mais l’un des plus populaires reste le Jenny Lake Trail, une boucle de 10 km (environ 4h de marche), facile et parfaitement aménagée.
Il offre une superbe immersion dans la nature, longeant le lac avant de grimper légèrement pour atteindre Hidden Falls et le point de vue d’Inspiration Point, d’où la vue sur les Tetons est tout simplement saisissante.
Au Nord du parc se trouve l’entrée Sud de Yellowstone National Park.
Pour moi, c’était un rêve depuis de nombreuses années. Rien qu’à l’idée d’être à quelques kilomètres de ce lieu mythique, j’étais surexcité !
Considéré comme le plus beau parc des États-Unis, voire du monde, Yellowstone représente tout ce que l’on imagine de la nature sauvage et indomptée.
Il existe cinq entrées pour y accéder, et nous avons choisi celle du Sud, qui relie directement le parc du Grand Teton à Yellowstone.
Yellowstone National Park : Wyoming Accepte le Pass America The Beautiful
Avec ses 9 000 km², le Yellowstone National Park est un monde à part, une terre indomptée où la nature s’exprime dans toute sa puissance. Classé en 1872 premier parc national du monde, il reste aujourd’hui l’un des joyaux les plus spectaculaires de la planète.
Situé sur une supervolcan actif, le parc abrite la plus grande concentration de phénomènes géothermiques du globe : plus de 300 geysers, soit les deux tiers des geysers existants sur Terre, ainsi que 10 000 sources chaudes et fumerolles.
Aujourd’hui encore, le volcanisme reste très actif : on enregistre chaque année entre 1 000 et 3 000 séismes, souvent imperceptibles mais témoins d’une activité souterraine constante.
Sous la surface, la lave continue de s’accumuler, faisant lentement gonfler le sol du parc. En cinquante ans, certaines zones se sont élevées de plus de 70 centimètres, un phénomène attentivement surveillé par les géologues du monde entier.
Une exploration en huit boucles
Le parc est immense et organisé autour d’une route en forme de “grand 8” longue de 254 km, reliant ses huit principales zones d’intérêt. Pour bien en profiter, il est recommandé d’y passer au moins deux jours complets tant les paysages sont variés et fascinants.
Entre plateaux boisés, rivières bouillonnantes, sources multicolores et vastes prairies où paissent bisons et wapitis, chaque virage réserve une surprise.
West Thumb Geyser Basin :
Situé sur les rives du majestueux lac Yellowstone, ce site offre un décor de rêve où l’eau bouillante jaillit à quelques mètres seulement des eaux froides du lac.
Les couleurs y sont d’une intensité saisissante : bleu lagon, jaune soufre, blanc laiteux, orange rouille… un véritable arc-en-ciel géothermique.
Le bassin Abyss Pool, sans doute l’un des plus beaux du parc, impressionne par son bleu turquoise profond. Large d’une quinzaine de mètres et profond de 16 mètres, il semble sans fond, d’où son nom évocateur — “l’abîme”.
Le parc de Yellowstone est réparti sur plusieurs secteurs ; Old Faithfull Area, Black Sand Basin, Upper Geyser Basin, Midway Geyser Basin et Lower Geyser Basin. Dans tous ces secteurs, vous pourrez admirer la plus grande concentration des geysers au monde ainsi que de magnifiques bassins de couleurs différentes.
Old Faithful Area :
Situé dans la partie Sud-Ouest de la Grand Loop Road, c’est par là que nous avons commencé à découvrir ces merveilles.
Marcher sur les passerelles en bois autour de ses merveilles procure une impression étrange : celle de se trouver à la frontière d’un monde minéral et vivant, à la fois paisible et bouillonnant.
Old Faithful Geyser :
C’est sans conteste le symbole du parc de Yellowstone. Le geyser Old Faithful (le « vieux fidèle ») est célèbre dans le monde entier pour la régularité de ses éruptions, qui fascinent les visiteurs depuis plus d’un siècle. Il produit l’un des plus puissants jets d’eau chaude et de vapeur au monde, comparable au Strokkur islandais.
Comment fonctionne-t-il ?
Old Faithful est un geyser de type « en cône ». Son orifice, relativement étroit, communique avec une vaste nappe phréatique bouillonnante, elle-même en contact avec la gigantesque chambre magmatique du supervolcan de Yellowstone. Sous l’effet de la chaleur, l’eau s’accumule dans le conduit jusqu’à atteindre une pression telle qu’elle est expulsée brusquement sous forme d’un spectaculaire jet d’eau et de vapeur brûlante.
Toutes les 88 minutes en moyenne (l’intervalle varie entre 45 et 125 minutes), le geyser entre en éruption et projette une colonne d’eau de 40 mètres de haut dans le ciel.
Chaque explosion libère environ 53 000 litres d’eau à 100°C ! Le spectacle dure entre 1,5 et 5 minutes, et reste toujours aussi impressionnant, peu importe le nombre de fois qu’on l’observe. C’est pour cette raison que le Old Faithful est devenu l’emblème du parc et une étape incontournable pour tous les voyageurs.
En vous baladant sur les sentiers et passerelles du parc, vous découvrirez un monde à part, où la nature se transforme en véritable palette de peintre vivante.
Les sources chaudes et bassins multicolores offrent des nuances incroyables — du bleu turquoise le plus pur au rouge orangé, en passant par le jaune vif et le vert émeraude. Ces couleurs proviennent de micro-organismes thermophiles et de cyanobactéries qui prospèrent dans ces milieux brûlants, parfois acides, où la vie semblait pourtant impossible
Ces bactéries, parmi les plus anciennes formes de vie sur Terre, colonisent les rives des sources chaudes et forment d’immenses tapis microbiens visibles à l’œil nu.
Certaines survivent dans des conditions extrêmes, comme au Norris Geyser Basin, où l’eau atteint 70°C et une
acidité comparable à celle du citron.
C’est un monde fascinant, à la fois beau et fragile, où chaque geyser, chaque bassin et chaque fumerolle raconte une histoire de la Terre en perpétuelle transformation.
Black Sand Basin Hot Springs :
Il doit son nom à la présence de sable noir d’obsidienne, une roche volcanique vitreuse issue du refroidissement rapide de la lave, riche en silice. Ce phénomène géologique donne naissance à un sable sombre et brillant, presque métallique, qui tapisse le sol et contraste magnifiquement avec les couleurs vives des sources thermales.
Ce petit bassin d’eau chaude, dont la température avoisine les 93°C, regroupe plusieurs sources et geysers d’une beauté rare.
Ici, la nature joue avec les contrastes : le noir profond de l’obsidienne côtoie les teintes éclatantes des eaux bouillonnantes, allant du bleu turquoise au jaune doré, créant un spectacle saisissant.
Midway Geyser Basin :
Ce secteur est célèbre pour abriter certaines des plus grandes et plus spectaculaires piscines colorées naturelles du parc, dont la plus connue et la plus impressionnante : Grand Prismatic Spring, véritable joyau de Yellowstone.
Le Midway Geyser Basin se situe entre les zones d’Old Faithful et de Norris, sur les bords de la Firehole River. Ce lieu d’activité géothermique intense regroupe plusieurs sources chaudes et geysers dont les couleurs vives et les émanations de vapeur offrent un spectacle d’une beauté presque surnaturelle.
Excelsior Geyser :
Grand Prismatic Spring :
Turquoise Pool :
Lower Geyser Basin :
C’est la quatrième grande section du parc. On y découvre une multitude de piscines d’eau chaude, de geysers actifs
et de marmites de boue bouillonnantes, dispersés sur une vaste plaine thermale. L’ensemble dégage une atmosphère étrange et fascinante, où la terre semble littéralement respirer.
Cette zone couvre près de 12 km², ce qui en fait la plus grande du parc pour les phénomènes géothermiques. On y trouve un mélange de paysages : des bassins aux couleurs éclatantes, des jets de vapeur sifflants, et des mares de boue en perpétuel mouvement. Le tout baigne dans une odeur de soufre omniprésente, rappelant que le feu de la Terre n’est jamais bien loin sous nos pieds.
Nous sommes remontés vers le Nord du parc, en direction de Mammoth Hot Springs. La route qui y mène est superbe : les paysages changent sans cesse, alternant forêts de conifères, prairies dorées et collines volcaniques fumantes.
Et c’est sur ce trajet que nous avons eu la chance incroyable de croiser nos premiers bisons des plaines !
Ils se déplacent tranquillement sur la route, sans prêter la moindre attention aux voitures. Certains broutent au bord
des chemins, d’autres traversent majestueusement juste devant le pare-chocs. Ces géants, véritables symboles de l’Ouest américain, vivent ici en totale liberté.
Un bison peut atteindre 2 mètres au garrot, mesurer plus de 3,5 mètres de long, et peser jusqu’à 900 kg, voire plus d’une tonne pour les plus gros mâles. Leur tête massive et leur épaisse toison leur donnent une allure à la fois puissante et paisible.
L’un d’eux s’est approché à moins d’un mètre de notre voiture ! Heureusement, il semblait tout à fait calme : sa queue battait doucement de gauche à droite — signe que tout allait bien. En revanche, si elle se dresse… mieux vaut ne pas traîner, c’est le signal d’alerte !
Après cette rencontre impressionnante, nous avons poursuivi notre route jusqu’à Mammoth Hot Springs, l’un des sites les plus fascinants du parc.
Mammoth Hot Springs :
Ce lieu spectaculaire est en réalité une immense formation de travertin, créée par le dépôt de carbonate de calcium transporté par les eaux thermales. Pendant des milliers d’années, ces eaux chaudes chargées en minéraux ont coulé sur les pentes, formant petit à petit une succession de terrasses naturelles et de vasques en escalier.
Chaque jour, plus de deux tonnes d’eau chaude s’écoulent encore sur ces formations. En refroidissant, elles déposent le carbonate de calcium, sculptant continuellement le relief. Les teintes rougeâtres, jaunes ou orangées proviennent de la présence d’oxydes de fer et de micro-organismes thermophiles.
Le résultat est tout simplement magique : un amphithéâtre de bassins blancs, beiges et rouille, semblant jaillir de la montagne elle-même. On dirait que la nature s’est fait artiste, façonnant un paysage minéral vivant où l’eau, la pierre et le temps ne cessent de créer.
En reprenant la route vers Canyon Village, le décor change à nouveau. On entre dans la partie du parc dominée par
les grands canyons. C’est là que se trouvent les deux plus spectaculaires chutes d’eau du Yellowstone : Lower Falls et Upper Falls, qui se jettent dans un canyon vertigineux surnommé le Grand Canyon of the Yellowstone.
Grand Canyon of the Yellowstone :
C'est sans doute l’un des lieux les plus spectaculaires du parc. C’est le premier grand canyon formé par la rivière Yellowstone, juste en aval des fameuses chutes. Ce canyon, creusé par l’érosion au fil des millénaires, s’étend sur près de 39 km de long, avec une profondeur variant entre 240 et 370 mètres, et une largeur pouvant atteindre
1 200 mètres.
Son nom, Yellowstone — littéralement “pierre jaune” — vient des couleurs éclatantes de ses falaises, qui vont du jaune pâle à l’ocre rouge. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces teintes ne proviennent pas du soufre, mais de l’oxydation du fer présent dans les roches volcaniques altérées par les activités hydrothermales.
Le résultat est un tableau saisissant : un canyon sculpté par le temps, où la rivière serpente au milieu d’une palette flamboyante, comme peinte à la main.
Les paysages ici sont grandioses et se découvrent depuis plusieurs points de vue spectaculaires, dont Artist Point, sans doute le plus célèbre. Le panorama sur la chute inférieure et les parois colorées du canyon est tout simplement inoubliable.
Lower Falls :
Âgée de plus de 590 000 ans, la Lower Yellowstone Falls est la plus haute chute d’eau des montagnes Rocheuses américaines. Elle se jette du haut de 94 mètres, soit presque deux fois la hauteur des chutes du Niagara !
Certes, son débit est plus modeste — la rivière Yellowstone ne fait ici qu’une vingtaine de mètres de large — mais la puissance du flot qui s’écrase dans le canyon reste impressionnante.
L’eau se précipite dans un fracas assourdissant, soulevant un nuage d’écume et projetant dans l’air une fine brume qui capte la lumière du soleil. Par beau temps, un arc-en-ciel se forme parfois au-dessus de la cascade, rendant le lieu encore plus magique.
Upper Falls :
Un peu en amont, la Upper Falls complète ce duo de merveilles naturelles.
Moins haute que sa voisine (environ 33 mètres), elle n’en demeure pas moins spectaculaire, surtout lorsqu’on l’observe depuis le point de vue de Uncle Tom’s Trail, où l’on peut sentir les vibrations du sol sous la force de l’eau.
Dans ce décor sauvage, entre forêts de pins et falaises dorées, le rugissement de la rivière résonne comme un chant puissant venu du fond des âges.
Après cette étape impressionnante, nous avons repris la route en direction de l’est du parc, vers Mud Volcano, une autre curiosité géothermique tout aussi étonnante, où la terre semble littéralement bouillir sous vos pieds.
Mud Vulcano :
Le secteur de Mud Volcano offre un visage totalement différent du reste de Yellowstone. Ici, la boue est reine. Dès l’arrivée sur le site, une odeur soufrée flotte dans l’air, et des panaches de vapeur s’élèvent du sol, comme si la terre respirait. Le décor est étrange, presque surnaturel : un paysage de mares bouillonnantes, de fumerolles sifflantes et de cônes de boue en perpétuelle activité.
Ces formations fascinantes sont le résultat de l’expulsion de gaz chauds, principalement composés de méthane, d’hydrocarbures légers, de dioxyde de carbone et de vapeur d’eau, qui remontent à travers des couches d’argile et d’eau minéralisée. Les sels dissous rendent souvent ces boues acides ou salées, ce qui accentue leur aspect inquiétant et spectaculaire.
À force d’éruptions lentes et continues, ces petites marmites façonnent des collines argileuses, parfois imprégnées d’hydrocarbures, et forment ce que les géologues appellent des champs de boues.
Les visiteurs sont fascinés par le bouillonnement constant de ces bassins : on dirait des chaudrons de sorcière sortis tout droit d’un conte fantastique, où la nature semble préparer quelque potion mystérieuse. Le bruit sourd de la boue éclatant en bulles, mêlé au sifflement des fumerolles, crée une ambiance étrange et hypnotique.
Malgré son nom évocateur, Mud Volcano n’est pas un véritable volcan. Ce site fait partie des nombreuses sources chaudes et marmites de boue situées dans la caldeira de Yellowstone. C’est un exemple impressionnant de la puissance géothermique encore bien vivante sous le parc, rappelant que nous marchons ici sur le dôme d’un super volcan toujours actif.
Après deux journées fantastiques à explorer ce parc extraordinaire, nous avons repris la route US 14 en direction de la petite ville de Cody, située à environ 125 kilomètres. Le trajet fut superbe : la route serpente à travers des paysages grandioses où les montagnes alternent avec des plaines dorées baignées de lumière.
À notre arrivée, nous avons trouvé un petit motel accueillant pour la nuit. Le soir, nous avons profité d’une promenade dans le centre historique de Cody, une ville pleine de charme. L’ambiance y est typiquement western, avec ses
façades en bois, ses saloons et ses enseignes d’un autre temps.
Non loin de là se trouve Old Trail Town, un musée en plein air reconstituant un authentique village du Far West, que nous avions prévu de visiter le lendemain matin.
Cody : Wyoming
Cody est une petite ville, fondée en 1896 par le légendaire William “Buffalo Bill” Cody lui-même. Elle revendique fièrement son héritage de l’Ouest américain et conserve encore aujourd’hui une atmosphère typiquement western.
Cody est célèbre pour son rodéo, considéré comme l’un des plus anciens et des plus authentiques des États-Unis. Il se déroule tous les soirs durant l’été et attire aussi bien les habitants que les voyageurs de passage, dans une ambiance festive et chaleureuse. La ville abrite également un impressionnant musée dédié à l’histoire du Far West, le Buffalo Bill Center of the West, qui regroupe plusieurs galeries : une consacrée aux armes à feu, une autre aux Indiens des plaines, à la faune et la flore du Wyoming, aux peintres américains, ainsi qu’à la vie fascinante de William Cody.
On y découvre une grande collection de souvenirs du célèbre Wild West Show qui a parcouru les États-Unis et l’Europe entre 1883 et 1913, faisant connaître l’esprit de l’Ouest à travers le monde.
Mais Cody est surtout connue pour un lieu unique : Old Trail Town.
Old Trail Town :
Véritable voyage dans le temps, Old Trail Town reconstitue une ville typique de l’Ouest américain à la fin du XIXe siècle.
Cet ensemble remarquable de bâtiments historiques et d’artefacts authentiques, datant de 1879 à 1901, évoque la vie rude et fascinante des pionniers, des trappeurs et des cowboys.
Une grande partie des constructions provient de moins de 150 kilomètres autour de Cody, sur les terres où Buffalo Bill et ses associés fondèrent la première implantation de “Cody City” en 1895.
Le projet de sauvegarde de ces vestiges a vu le jour grâce à Bob W. Edgar, archéologue et natif du Big Horn Basin. Passionné d’histoire, il entreprit dans les années 1960 de collecter ces bâtiments abandonnés et de les rassembler en un lieu unique.
Ainsi est né Trail Town en 1967, sur le site même de l’ancienne Cody City.
Aujourd’hui, Old Trail Town compte plus de 25 bâtiments en rondins, une centaine de voitures à chevaux, et une vaste collection d’objets liés à la conquête de l’Ouest : armes, outils, vêtements, meubles, lettres et photos d’époque. C’est l’une des plus belles collections du genre dans tout le Wyoming, soigneusement préservée grâce au soutien des éleveurs et habitants de la région.
Se promener dans les allées poussiéreuses d’Old Trail Town, c’est comme franchir une porte temporelle : les cabanes en bois, les saloons, le bureau du shérif et les enseignes usées par le vent racontent mille histoires de pionniers.
Nous avons eu la chance d’y être seuls, ce qui a rendu la visite encore plus magique. Le silence, entrecoupé seulement par le bruissement du vent, donnait presque l’impression d’entendre les sabots des chevaux ou le grincement des chariots d’autrefois. Un vrai régal pour les amoureux du Far West.
À moins d’une centaine de kilomètres de Cody se trouve l’un des plus beaux panoramas de la région : le Bighorn Canyon National Recreation Area, à cheval entre le Wyoming et le Montana.
Pour y accéder, la Bighorn Scenic Byway offre un trajet spectaculaire à travers la Bighorn National Forest. Cette route sinueuse traverse des paysages grandioses : forêts denses, gorges vertigineuses, prairies d’altitude et sommets escarpés. Chaque virage dévoile un nouveau décor, plus impressionnant encore que le précédent.
Bighorn Canyon National Recreation Area : Wyoming et Montana.
N’accepte pas le Pass America The Beautiful
Bighorn Canyon est une terre que le temps semble avoir oubliée.
Les forces géologiques ont lentement déformé d’anciennes couches de roche jadis horizontales pour en faire de gigantesques murailles naturelles. Aujourd’hui, ces falaises spectaculaires, hautes de près de 300 mètres, dominent les eaux turquoise du lac Bighorn dans un décor sauvage et saisissant.
Ce lieu hors du temps a été classé zone protégée par le gouvernement fédéral en octobre 1966, après la construction du barrage Yellowtail, qui a permis la formation du lac. Depuis, la nature a repris ses droits, offrant un spectacle grandiose où se mêlent pierre, eau et ciel.
S’étendant sur près de 487 km² à cheval entre le Nord du Wyoming et le Sud du Montana, Bighorn Canyon reste un joyau encore méconnu du grand public.
C’est un endroit où le silence règne, seulement troublé par le cri d’un aigle, le souffle du vent dans les herbes ou le clapotement de l’eau contre les falaises.
Les amateurs de nature y trouveront un terrain de jeu infini : navigation de plaisance, pêche, kayak, camping et bien sûr randonnées au cœur d’une nature brute et préservée. Les sentiers offrent des points de vue spectaculaires sur les méandres du canyon, notamment depuis le Devil Canyon Overlook, un belvédère impressionnant qui dévoile toute la majesté de la gorge et de ses parois rouge-orangé plongeant dans les eaux émeraude du lac.
Bighorn Canyon est un véritable trésor caché, un lieu où l’on se sent minuscule face à la puissance de la nature.
Après cette belle escapade, nous avons repris la route en direction de Devils Tower, en traversant les vastes plaines du Wyoming.
Nous avons choisi de nous rapprocher du parc et avons passé la nuit dans la petite ville de Gillette, avant de découvrir le lendemain un autre monument naturel emblématique des États-Unis.
Devils Tower : Wyoming. Accepte le Pass America The Beautiful
Classée National Monument depuis 1906, Devils Tower est un impressionnant relief volcanique émergeant brusquement des grandes plaines du Wyoming. Ce monolithe naturel s’élève à 386 mètres au-dessus des terres environnantes, et son sommet atteint 1 558 mètres d’altitude.
La moitié supérieure de la tour est formée de colonnes verticales de roche phonolitique, aussi régulières que les tuyaux d’un orgue géant : environ 4 mètres de largeur pour 150 mètres de hauteur chacune.
Ce colosse de pierre, vestige d’un ancien magma solidifié dans les profondeurs de la Terre, a été mis à nu au fil des millénaires par l’érosion des roches sédimentaires environnantes.
L’origine exacte de Devils Tower reste pourtant un mystère.
L’absence de cratère visible pousse la plupart des géologues à penser qu’il ne s’agit pas du vestige d’un volcan à proprement parler, mais plutôt d’une intrusion magmatique restée souterraine — une sorte de cheminée figée que le temps aurait lentement dégagée.
D’autres théories suggèrent que la lave aurait pu atteindre la surface avant que les traces de ces éruptions ne soient entièrement effacées par l’érosion. Le débat reste ouvert, ajoutant encore à la fascination du lieu.
Pour ma part, j’avais toujours rêvé de voir Devils Tower de mes propres yeux — peut-être parce que, comme beaucoup, je l’avais découverte au cinéma dans Rencontres du Troisième Type de Steven Spielberg. Et je dois dire que la réalité dépasse la fiction : ce bloc monumental jaillissant au milieu de nulle part est tout simplement saisissant.
Mais, pour être honnête… je n’ai croisé aucun extra-terrestre !
La visite se fait à pied : un sentier circulaire d’environ 2,5 km permet d’en faire le tour en une trentaine de minutes, offrant des points de vue magnifiques sur la tour et la vallée alentour.
Pour les grimpeurs chevronnés, l’ascension est possible, mais elle nécessite un permis spécial délivré par le parc. Comptez 5 à 6 heures d’effort pour atteindre le sommet — une expérience réservée aux alpinistes expérimentés.
Après cette halte fascinante, nous avons repris la route en direction du Dakota du Sud, vers le Badlands National Park.
Environ 2h30 de trajet (266 km) à travers des paysages de plus en plus arides et tourmentés… jusqu’à notre arrivée, en début d’après-midi, dans un tout autre univers minéral.
Badlands National Park : Dakota du Sud Accepte le Pass America The Beautiful
C'est un lieu d’une beauté brute, presque irréelle. Ici, la nature semble avoir sculpté son œuvre en silence, couche après couche, au fil des millénaires. Les amateurs de photographie et de randonnée y trouvent un véritable terrain d’exploration, tant les formes et les couleurs varient à chaque virage.
Il y a des dizaines de millions d’années, le sable, le limon et l’argile se sont déposés en fines strates. Puis, lentement, l’eau — patiente et obstinée — a creusé, poli, façonné ces reliefs uniques. Aujourd’hui, ces couches de roches brunes, grises, jaunes et noires racontent l’histoire géologique du temps.
En entrant dans le parc, la route serpente d’abord à travers de vastes plaines herbeuses. Rien ne laisse présager le spectacle qui vous attend… jusqu’à ce que le décor se déchire soudain : un monde minéral s’ouvre devant vous, fait de canyons, de collines et de crêtes aux teintes pastel.
La Badlands Loop Road, qui traverse la partie Nord du parc, offre de multiples points de vue, chacun plus impressionnant que le précédent. C’est une route scénique à parcourir lentement, le regard happé par les nuances changeantes du relief. Comptez au moins deux heures pour en savourer pleinement les 45 kilomètres.
Nous avons passé une partie de l’après-midi à explorer ce décor grandiose, baignés dans la lumière dorée du soleil déclinant. Puis, à regret, nous avons repris la route vers Rapid City, où nous passerions la nuit.
Demain, un grand jour m’attendait — l’un de ces moments que l’on rêve depuis l’enfance et que l’on s’apprête enfin à vivre.
Mount Rushmore National Park : Dakota du Sud.
L’entrée est gratuite - parking payant : 10 $
Depuis longtemps, je rêvais de voir de mes propres yeux ce monument fascinant, sculpté à flanc de montagne, qui retrace plus d’un siècle et demi de l’histoire des États-Unis.
Le Mount Rushmore National Memorial est une œuvre monumentale de granit, réalisée entre 1927 et 1941 par le sculpteur Gutzon Borglum et son équipe.
Les quatre visages, hauts de dix-huit mètres, représentent quatre présidents emblématiques de l’histoire américaine, choisis pour incarner les fondations et les idéaux du pays :
de gauche à droite, George Washington (1732–1799), Thomas Jefferson (1743–1826), Theodore Roosevelt (1858–1919) et Abraham Lincoln (1809–1865).
L’histoire de sa construction est aussi impressionnante que l’œuvre elle-même. Après deux tentatives, le 4 juillet 1934, le visage de Washington fut achevé. Deux ans plus tard, celui de Jefferson prit forme à sa gauche. Lincoln suivit en 1937, puis Roosevelt en 1939, donnant enfin à la montagne l’allure que nous lui connaissons aujourd’hui.
Dans les années 1990, d’importants travaux furent entrepris pour moderniser le site : création d’un musée, d’un centre d’accueil et de sentiers aménagés. Chaque année, des ouvriers-alpinistes escaladent la paroi pour inspecter et entretenir la sculpture.
En 2005, la société allemande Kärcher, célèbre pour ses nettoyeurs haute pression, mena une opération spectaculaire de nettoyage à l’eau chauffée à 95 °C — une campagne de restauration qui fit le tour du monde.
Le coût total de l’œuvre s’éleva à 989 992 dollars. Fait remarquable pour l’époque : aucun ouvrier ne perdit la vie durant les quatorze années de chantier, malgré les conditions extrêmes.
George Washington Thomas Jefferson Theodore Roosevelt Abraham Lincoln
La visite du site dure environ une heure, surtout si l’on emprunte le Presidential Trail, une boucle de 800 mètres qui serpente au pied des sculptures et offre des points de vue magnifiques.
À une trentaine de kilomètres de là se trouve un autre symbole fort : le Crazy Horse Memorial, encore en cours de réalisation, dédié au célèbre chef amérindien des Lakotas.
Crazy Horse Memorial : Dakota du Sud
Entrée 30 $ (voiture pour 2 personnes) et de 35 $ (voiture pour 3 personnes et plus)
Sur les pentes de la Thunderhead Mountain, au cœur des Black Hills, s’élève un projet titanesque : le Crazy Horse Memorial.
Imaginé par le sculpteur Korczak Ziółkowski en 1948, ce monument colossal représente Crazy Horse, chef et guerrier du peuple Lakota Oglala, monté à cheval, le bras tendu vers l’horizon. Ce geste symbolique rend hommage à la fierté et à la résilience des nations amérindiennes, sur une terre considérée comme sacrée par beaucoup d’entre elles.
Une fois achevée, la sculpture mesurera 195 mètres de long et 172 mètres de haut.
La tête seule de Crazy Horse atteint déjà 27 mètres, bien plus que celles des présidents du Mount Rushmore, qui en mesurent 18.
Commencée en 1948, l’œuvre reste encore inachevée aujourd’hui, avançant au rythme des dons et de la volonté des descendants de Ziółkowski. Le visage de Crazy Horse fut inauguré en 1998, marquant une étape importante dans cette entreprise monumentale, probablement l’une des plus vastes jamais tentées par la main de l’homme.
Un petit bus conduit les visiteurs au pied de la montagne pour 4 $ par personne, offrant une perspective saisissante sur le chantier et sur l’immensité du projet.
En fin d’après-midi, nous avons repris la route vers la petite ville de Custer, nichée au cœur des collines, où nous avons passé la nuit.
Le lendemain, cap sur le Custer State Park.
Nous avons choisi d’y entrer par la Sylvan Lake Entrance, afin d’emprunter la route scénique SD-87 et de découvrir le spectaculaire Needle Eye Tunnel, célèbre pour son étroite arche de granit percée entre les aiguilles rocheuses.
Custer State Park : Dakota du Sud N’accepte pas le Pass America The Beautiful (Entrée 20 $)
Créé en 1919, le Custer State Park est le plus ancien et l’un des plus emblématiques parcs du Dakota du Sud.
Vastes prairies, forêts de pins, lacs miroitants et routes panoramiques en font un joyau des Black Hills.
Mais ce qui rend ce lieu inoubliable, c’est la rencontre avec l’un des symboles les plus puissants de l’Ouest américain : le bison.
Plus de 1 500 de ces majestueux géants parcourent librement les plaines du parc. Leur silhouette massive se découpe sur l’horizon, rappelant les temps anciens où des millions d’entre eux dominaient encore la prairie.
Outre les bisons, le parc abrite une faune variée : antilopes, cerfs, coyotes, chiens de prairie, loutres de rivière et, plus discrets, quelques couguars.
Chaque virage offre la promesse d’une nouvelle rencontre, d’un souffle sauvage au cœur du paysage.
Needles Highway :
C'est sans doute la route la plus spectaculaire du parc.
Achevée en 1922, cette voie sinueuse de 22 kilomètres traverse un monde de granit et de lumière.
Les “needles”, ces étonnantes aiguilles rocheuses sculptées par l’érosion, se dressent comme des flèches vers le ciel.
Conduire ici, c’est serpenter entre les parois étroites, les pinacles dressés et les tunnels taillés à même la montagne.
Le plus célèbre, le Needles Eye Tunnel, ne mesure que 2,60 m de large pour 3,40 m de haut : un passage à une seule voie qui exige prudence… et émerveillement.
Pour les amateurs de camping-car, soyez sûr de ses dimensions avant de vous lancer. 😄
Difficile d’imaginer le défi que représenta sa construction il y a plus d’un siècle, tant le tracé épouse le relief avec audace.
Wildlife Loop Road :
Plus au sud du parc, la Wildlife Loop Road déroule ses 29 kilomètres à travers des collines dorées et des prairies à perte de vue.
C’est ici que l’on croise le plus souvent les troupeaux de bisons, parfois si près qu’il faut couper le moteur et attendre, humble spectateur de la nature souveraine.
Lentement, les animaux avancent, le vent soulève la poussière, et le temps semble suspendu.
En début d’après-midi, nous avons quitté ce décor grandiose pour reprendre la route en direction de Casper, dans le Wyoming, où nous avons passé la nuit après 360 kilomètres de route (environ 3h40).
Le lendemain, une longue journée de voyage nous attendait : 480 kilomètres à parcourir jusqu’au Flaming Gorge National Recreation Area, dans l’État de l’Utah. Nous sommes partis tôt, impatients de découvrir ce nouveau paysage aux teintes rougeoyantes.
Flaming Gorge National Recreation Area : Utah
Entrée gratuite sauf accès aux zones portuaires : 5 $ par voiture
À cheval entre le nord de l’Utah et le sud du Wyoming, la Flaming Gorge National Recreation Area protège une région sauvage de plus de 840 km², dominée par l’immense Flaming Gorge Reservoir.
Ce lac artificiel, créé en 1964 après la construction du barrage sur la Green River, s’étire sur
146 kilomètres de long et couvre une superficie de près de 170 km².
Ses eaux turquoise contrastent magnifiquement avec les falaises de grès rouge qui lui ont donné son nom — Flaming Gorge, “le gouffre flamboyant”.
La visite du site est rapide, mais elle mérite le détour.
En deux bonnes heures, on peut explorer les deux secteurs les plus emblématiques :
Pour ceux qui souhaitent prolonger leur séjour, le parc offre de nombreuses activités selon la saison :
randonnée, navigation de plaisance, sports nautiques, pêche ou planche à voile en été ; ski de fond et motoneige en hiver.
C’est un lieu de contrastes et de silence, où la nature semble respirer au rythme lent du vent et de la rivière.
Après avoir déjeuné face au lac, nous avons repris la route vers Salt Lake City, dernière étape de notre voyage.
Un léger pincement au cœur nous accompagnait : cette traversée du Far West touchait à sa fin, mais elle avait gravé dans nos mémoires des paysages et des émotions que rien n’effacera.
Salt Lake City : Utah
Capitale de l’Utah, Salt Lake City fut fondée au XIXᵉ siècle par les pionniers mormons de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, conduits par leur chef, Brigham Young.
Fuyant les persécutions religieuses, ces hommes et ces femmes entreprirent une traversée de près de
2 000 kilomètres à travers les États-Unis avant d’atteindre, en juillet 1847, cette vallée isolée au pied des montagnes Rocheuses.
Ils n’étaient alors que 148 — 143 hommes, trois femmes et deux enfants — mais ils allaient fonder ici une communauté prospère et durable.
Les premières années furent rudes : gelées tardives, sécheresse, invasions de criquets… mais la ténacité des pionniers finit par triompher.
La ville, d’abord nommée Great Salt Lake City pour sa proximité avec le Grand Lac Salé, prit son nom actuel en 1868.
Aujourd’hui, elle s’étend entre 1 284 et 2 870 mètres d’altitude, et demeure le siège mondial de l’Église mormone.
C’est une ville étonnamment propre, paisible et jeune, où modernité et héritage spirituel cohabitent harmonieusement.
À voir à Salt Lake City :
Le Capitole, dressé sur les hauteurs, offre une vue splendide sur la vallée.
Mais le véritable cœur de la ville, c’est Temple Square : un ensemble sacré de 40 000 m², véritable Vatican des Mormons.
Ce site regroupe plusieurs bâtiments emblématiques — le Temple de Salt Lake City, le Tabernacle, le Salt Lake Assembly Hall, le Seagull Monument, ainsi que deux centres de visiteurs ouverts au public, et gratuitement.
Autour de Temple Square s’étendent d’autres lieux tout aussi remarquables : le Joseph Smith Memorial Building, le Centre de Conférence, le Musée d’Histoire de l’Église, la Bibliothèque de généalogie — la plus grande du monde — et les bâtiments administratifs de la communauté.
Un ensemble impressionnant, empreint de calme et de spiritualité, où l’on sent encore le souffle des pionniers qui ont bâti cette cité au milieu du désert.
Great Salt Lake :
À quelques kilomètres de la ville s’étend le Great Salt Lake, le plus grand lac salé du continent américain.
Sa superficie varie selon les précipitations : 4 400 km² en moyenne, mais parfois bien moins, comme en 1963
(2 460 km²), ou bien davantage, comme en 1983 (8 547 km²).
Ses rives occidentales et méridionales, blanches et nues, forment des étendues salées presque lunaires.
C’est là que, depuis 1914, se déroulent les célèbres records de vitesse sur les Bonneville Salt Flats, le plus vaste terrain plat au monde.
Un lieu à la beauté étrange, silencieuse, où ciel et terre semblent se confondre.
This Is The Place Heritage Park :
Pour mieux comprendre l’histoire des pionniers, il faut visiter le This Is The Place Heritage Park.
Ce parc-musée à ciel ouvert reconstitue un village du milieu des années 1800, Old Deseret Village, avec ses maisons, ses boutiques, ses églises et son école.
Tout a été fidèlement restauré, et plus de 150 figurants en costumes d’époque font revivre la vie quotidienne des premiers colons mormons.
On y découvre leur courage, leur ingéniosité et leur foi, mais aussi la simplicité des gestes qui ont bâti une civilisation au cœur du désert.
Calèches, petits commerces, animations pour les enfants : le lieu est vivant, chaleureux, et empreint d’émotion.
Ce beau road trip de 4 500 kilomètres à travers six États touchait à sa fin.
Après tant de routes parcourues, de paysages traversés, de visages croisés, nous avons rendu la voiture à l’aéroport de Salt Lake City, le cœur un peu serré.
Les vacances s’achevaient, mais les souvenirs — eux — resteraient indélébiles.
Le souffle des plaines, le rouge des canyons, le silence des montagnes… tout cela continuera à vivre longtemps encore, quelque part entre la mémoire et le rêve.
Destination coup de cœur
Conclusion : Je ne vais pas être objectif… 😄
Comme j’aime les road trips, surtout aux États-Unis, j’ai, une fois encore, adoré cette aventure.
Ce sentiment de liberté absolue sur ces longues routes américaines, bordées de paysages à couper le souffle, procure une émotion unique.
Kilomètre après kilomètre, on traverse des contrées lointaines, sauvages, grandioses, où chaque virage révèle un nouveau décor, plus beau encore que le précédent.
Les États-Unis sont un pays d’une immensité fascinante, qu’il faudrait sans doute une vie entière pour explorer.
Des parcs nationaux aux réserves privées, des montagnes aux déserts, chaque région offre une palette infinie de couleurs, d’ambiances et de sensations.
Ce voyage à travers six États nous a permis de découvrir des sites extraordinaires, tous différents, tous inoubliables — un périple bien distinct de notre premier voyage en 2005, mais tout aussi magique.
Encore une fois, nous avons vécu une expérience inoubliable, faite de rencontres, de silence, de vent, et de cette émotion propre à l’Ouest américain.
Et une chose est sûre : je repartirai très bientôt aux USA, car chaque route là-bas semble mener vers un nouveau rêve.
Carte de notre périple
© Textes et photographies : Stéphane Campagne/All rights reserved.
Le contenu de ce site est protégé par le droit d’auteur, toute reproduction totale ou partielle est interdite
Ce site web utilise les cookies. Veuillez consulter notre politique de confidentialité pour plus de détails.