Voyage Evasion Découverte
By Steph
BLOG POUR LES AMOUREUX DES VOYAGES
DESTINATIONS DE VOYAGES
CONSEILS PRATIQUES
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Windhoek - Tropic of Capricorn - Région du Karas - Fish River Canyon - Lüderitz - Duwisib - Sossusvlei
Walvis Bay - Henties Bay - Twyfelfontein - Etosha National Park
Ville fantôme de Kolmanskop - L'arbre Carquois - Organ Pipes - La Welwitschia Mirabilis
Les Tribus : Les Himbas - Les Hereros
NAMIBIE
Entre Mer et Déserts…
Ce n’est pas le premier pays d’Afrique australe que je visite, mais la Namibie a été un véritable coup de cœur. Ici, tout est réuni pour combler les passionnés de photographie, les amoureux de grands espaces et les baroudeurs en quête d’aventure. C’est aussi, sans conteste, le paradis du road trip.
La Namibie est un territoire immense, rude et fascinant, à la fois sec et silencieux, où règnent la lumière, la couleur et une sensation de liberté absolue. Bordé par deux déserts mythiques, le Kalahari et le Namib, traversé au Sud par le spectaculaire Fish River Canyon et dominé au Nord par des reliefs montagneux, ce pays représente l’Afrique dans ce qu’elle a de plus pur et de plus majestueux.
On y découvre une incroyable variété de paysages : les dunes de sable orange du désert du Namib, parmi les plus hautes du monde, la Côte des Squelettes, sauvage et ensablée, qui s’étire le long de l’océan Atlantique, le haut plateau central aux contrastes éclatants, ou encore le célèbre parc national d’Etosha, vaste savane ponctuée de points d’eau où s’ébattent éléphants, girafes, lions et antilopes.
Pour ceux qui hésitent encore à voyager en Afrique, la Namibie est sans doute la destination idéale pour un premier contact avec ce continent fascinant. Ancienne colonie allemande, elle a conservé une organisation rigoureuse, un sentiment de sécurité remarquable et une propreté exemplaire. À aucun moment nous ne nous sommes sentis en insécurité. Pas un papier ne traîne au sol, les routes sont impeccables, et l’accueil est toujours souriant et bienveillant.
La Namibie, c’est le charme brut de l’Afrique mêlé à une sérénité presque européenne.
N’hésitez plus… foncez !
En route vers l’aventure namibienne
Après avoir pris contact avec une agence locale et validé le parcours que je souhaitais, nous sommes partis à trois, en novembre 2010, pour un périple de quinze jours à travers la Namibie : plus de 5 000 km de routes et de pistes, en 4x4, au cœur d’un des territoires les plus sauvages d’Afrique australe.
Nos visas fraîchement tamponnés sur nos passeports à l’aéroport, nous foulions enfin le sol africain.
Et comme à chaque fois que je me retrouve en Afrique, j’ai ressenti ce sentiment de bonheur pur, ce mélange d’excitation, de liberté et d’émerveillement. J’aime profondément ce continent — ses couleurs brûlantes, son dépaysement absolu, sa lumière unique et cette impression d’aventure qui s’empare de moi à chaque voyage.
Avant de partir, le loueur du 4x4 nous a donné quelques recommandations de survie bien utiles
1️⃣ Ne jamais traverser un gué de rivière lorsqu’il pleut abondamment.
L’eau peut monter en quelques minutes et emporter le véhicule, passagers compris, sans qu’on ait le temps de réagir.
2️⃣ Toujours emporter plusieurs litres d’eau par personne et partir avec le plein de carburant.
Dans certaines zones, on peut rouler des centaines de kilomètres sans croiser âme qui vive, sous une chaleur écrasante.
3️⃣ Vérifier la présence d’une roue de secours en bon état et de tout le matériel pour la changer.
En Namibie, les crevaisons ne sont pas une éventualité, mais une certitude !
4️⃣ Toujours réserver le lodge avant d’arriver.
Faire 200 km pour trouver un hébergement complet serait un cauchemar, surtout qu’il peut n’y avoir… rien d’autre à des centaines de kilomètres à la ronde.
Et, en cas de panne, le gérant, inquiet de ne pas vous voir arriver, pourra prévenir les secours.
5️⃣ Ne jamais dépasser 100 km/h sur les pistes.
Même si ces grandes lignes droites de sable et de gravillons invitent à la vitesse, le danger est réel : on perd vite le contrôle du véhicule, et les animaux traversent souvent sans prévenir.
Après une première nuit à Windhoek, la capitale tranquille de la Namibie, nous étions impatients de prendre la route. Notre soif d’aventure était trop grande pour rester en ville.
Le lendemain matin, assis au volant de mon 4x4, je sentais déjà le parfum de la liberté.
Nous avons pris la direction du Sud, vers l’Ouest du bassin du Kalahari, et les grands espaces s’ouvraient devant nous.
“À nous les belles contrées au cœur des terres sauvages namibiennes !”
Ah oui… petit détail à ne pas oublier : ici, on roule à gauche !
Sur la route du Kalahari
Nous avons pris la route en direction du Sud et traversé la petite ville de Rehoboth avant d’atteindre la limite Ouest du désert du Kalahari.
Rehoboth est le foyer de la Communauté Baster, un peuple fier et farouchement indépendant, descendant d’un groupe d’agriculteurs de sang européen et khoïsan mêlés. Ces pionniers quittèrent la région du Cap en 1870 et s’installèrent ici, sur le site d’une ancienne mission rhénane abandonnée.
La ville en elle-même n’a rien d’extraordinaire, mais elle fait une halte bienvenue pour se dégourdir les jambes avant de s’enfoncer dans les vastes étendues désertiques.
Tropique du Capricorne :
Quelques kilomètres plus loin, passage obligé au Tropique du Capricorne, l’un des cinq grands parallèles de notre planète.
Une pancarte signale le lieu exact du passage du tropique – impossible de résister à la photo souvenir, posant fièrement au milieu du néant, sous un soleil de plomb.
Vers midi, nous arrivons à la Bagatelle Game Reserve, où nous avions réservé une excursion “nature“ à bord d’un véhicule de safari ouvert pour découvrir la région de la ceinture de dunes du Kalahari.
Accompagnés de notre guide-chauffeur, nous partons pour une belle balade sur les pistes ocre du grand Sud namibien.
Les paysages sont d’une beauté saisissante : des dunes rouges striées par le vent, des touffes d’herbes jaunes, un ciel immense d’un bleu intense… La lumière semble irréelle.
Les premiers animaux apparaissent rapidement : springboks bondissants, et oryx majestueux, silhouettes fières et gracieuses sur fond de sable rouge.
En fin d’après-midi, nous gravissons la plus haute dune du secteur pour assister au coucher du soleil, un verre à la main. Le spectacle est d’une pure magie : le sable se teinte d’orange, puis de pourpre, avant de plonger dans la nuit.
Ce premier contact avec la Namibie sauvage restera gravé dans nos mémoires.
Le lendemain matin, nous reprenons la route, toujours plus au Sud, à travers la région du Karas, en passant par les petites villes de Mariental et Keetmanshoop, l’une des plus anciennes cités du pays.
Sur la route, notre attention est attirée par une silhouette étrange : celle du célèbre arbre carquois, véritable emblème du sud namibien.
L’arbre Carquois :
Cet arbre, en réalité un aloès arborescent indigène d’Afrique australe, pousse dans les sols secs et pierreux où rien d’autre ne semble pouvoir survivre.
Résistant aux chaleurs extrêmes et même à quelques gelées, il peut vivre jusqu’à cent ans et atteindre neuf mètres de hauteur.
Ses branches lisses sont recouvertes d’une fine poussière blanchâtre qui reflète les rayons du soleil, tandis que son écorce dorée se détache en écailles aux bords tranchants comme des rasoirs.
Son nom vient du fait que les Bochimans utilisaient jadis ses branches creuses pour fabriquer leurs carquois.
Mais malheureusement, le changement climatique menace aujourd’hui cette espèce emblématique, dont la population décline lentement.
En fin d’après-midi, nous sommes arrivés au Lodge Roadhousse Canyon, et s’il y a bien un lieu à ne pas manquer en Namibie, c’est celui-là !
Le Canyon Roadhouse Lodge :
Ce lodge est absolument unique, un véritable petit bijou planté au milieu du désert, à quelques kilomètres du Fish River Canyon.
De l’extérieur, il ressemble à un ancien relais routier, avec son toit rouge éclatant et son allure un peu rétro. Mais dès qu’on pénètre dans la propriété, le décor devient presque surréaliste.
Un véritable musée à ciel ouvert ! Des Chevrolet et Ford d’un autre âge, rouillées, abandonnées, certaines littéralement traversées par des arbres carquois ou envahies par des plantes du désert.
On se croirait dans un film, entre Mad Max et Cars, version namibienne !
Garez votre véhicule, poussez les grandes portes du lodge… et préparez-vous à être transporté ailleurs.
À l’intérieur, c’est un mélange improbable de garage, de musée et de bar vintage.
La réception prend place dans un ancien camion de transport, le bar est installé dans une ancienne station-service “pompstasie”, et l’ensemble est décoré d’un bric-à-brac génial de pièces mécaniques, de plaques émaillées, de pneus, de phares et de souvenirs d’un autre temps.
Le restaurant est tout aussi étonnant : les tables sont disséminées entre de vieux véhicules – une jeep, une ambulance, une voiture de police – tous soigneusement restaurés et intégrés à la décoration.
Le tout baigne dans une ambiance chaleureuse et décontractée, un mélange de folklore, d’humour et d’hospitalité africaine.
Un vrai coup de cœur, à la fois insolite et authentique.
Après une nuit inoubliable dans ce lodge hors du temps, nous avons repris la route au petit matin, impatients de découvrir l’un des joyaux naturels les plus impressionnants du pays : le Fish River Canyon.
Fish River Canyon :
Le Fish River Canyon est sans conteste l’un des joyaux naturels de la Namibie.
C’est le troisième plus grand canyon du monde, après le Grand Canyon (États-Unis) et celui du Yarlung Tsangpo (Tibet), mais le premier d’Afrique.
Une véritable prouesse géologique, âgée de près de 1,8 milliard d’années, façonnée au fil des millénaires par la rivière Fish, aujourd’hui souvent réduite à un mince filet d’eau serpentant au fond de la vallée.
Avec ses 160 kilomètres de long, une largeur pouvant atteindre 27 kilomètres et une profondeur de plus de 500 mètres, il offre un spectacle vertigineux.
Là, le regard se perd dans un dédale de roches striées, sculptées par le temps et le vent, déclinant une palette de couleurs allant de l’ocre au rouge profond, en passant par le gris bleuté au lever du soleil.
Le canyon se trouve dans une région au climat désertique extrême : en été (d’octobre à mars), les températures peuvent atteindre 48°C le jour et rarement descendre sous 30°C la nuit.
Autant dire qu’il faut s’y aventurer avec précaution.
Le site est spectaculaire, sans doute le mot qui le décrit le mieux. Plusieurs points de vue ont été aménagés tout autour, offrant chacun une perspective différente sur cette merveille naturelle.
Le principal, à Hobas, permet d’embrasser toute l’immensité du canyon d’un seul regard — un panorama à couper le souffle.
Mais les autres belvédères, accessibles en voiture, méritent tout autant le détour.
Pour les randonneurs aguerris, il est possible de descendre dans le canyon et de suivre son lit asséché, au fil d’un trek mythique d’environ 80 kilomètres sur cinq jours, considéré comme l’un des plus beaux (et des plus difficiles)
du continent africain.
Après cette superbe découverte, nous avons repris la route principale vers l’Ouest, traversant le haut plateau central en direction de la petite ville de Aus, avant de plonger dans le désert du Namib.
Aus est une localité perchée dans un décor montagneux magnifique.
Fondée en 1915, elle fut d’abord un camp de prisonniers de guerre établi par les forces sud-africaines après la capitulation des troupes coloniales allemandes.
Le site avait été choisi pour sa position stratégique, sur la ligne de chemin de fer reliant Keetmanshoop à Lüderitz, sur la côte atlantique.
La route bitumée qui relie ces deux villes est un véritable plaisir pour les yeux, traversant des paysages somptueux et changeants : montagnes arides, plaines infinies, et premiers aperçus du désert rouge du Namib.
Avant d’arriver à Lüderitz, une étape incontournable nous attendait : la ville fantôme de Kolmanskop.
Ville fantôme de Kolmanskop :
Perdue au cœur des dunes du désert du Namib, Kolmanskop est une ancienne ville-champignon surgie du sable
en 1908, à la suite de la découverte d’un diamant par un ouvrier du chemin de fer.
En quelques années, une véritable ruée vers le diamant transforma cet endroit aride en une cité florissante au milieu de nulle part.
À son apogée, dans les années 1920, Kolmanskop vivait dans une opulence insolente, totalement déconnectée de son environnement désertique.
Jusqu’à 400 personnes y résidaient, principalement des ingénieurs et des familles allemandes.
On y trouvait des maisons majestueuses en pierre, bâties dans le style wilhelmien, un hôpital moderne (le premier d’Afrique équipé d’une machine à rayons X), une école, une salle de bal, un casino, et même une fabrique de glace !
L’eau potable, denrée rare, était importée du Cap, à plus de 1 000 kilomètres de là — un exploit logistique pour l’époque.
Mais cette prospérité fut de courte durée : après la Seconde Guerre mondiale, les gisements de diamants s’épuisèrent et la ville commença lentement à décliner.
Les derniers habitants quittèrent Kolmanskop dans les années 1960, laissant la cité à la merci du vent et du sable.
Aujourd’hui, Kolmanskop est engloutie par le désert.
Les dunes s’invitent dans les maisons, grimpent aux fenêtres, envahissent les salons, et créent un spectacle presque irréel, à la fois fantomatique et fascinant.
Marcher dans ces rues silencieuses, où les portes grincent encore sous les bourrasques, donne la troublante impression que le temps s’est arrêté.
L’exploitation diamantifère continue cependant dans la région, et certaines infrastructures comme le théâtre ou la salle de jeux sont encore utilisées à des fins touristiques.
Lüderitz :
En quittant Kolmanskop, la route se prolonge vers la côte jusqu’à Lüderitz, une petite ville portuaire isolée, battue par les vents froids de l’océan Atlantique.
Fondée dans les années 1880 par des commerçants allemands, Lüderitz est la plus ancienne ville du Sud-Ouest africain et porte encore l’empreinte de son passé colonial.
Ses bâtiments colorés de style Art nouveau contrastent avec l’austérité du paysage désertique environnant.
Parmi les plus emblématiques, on peut admirer la Goerke Haus (1910), somptueuse demeure du lieutenant Hans Goerke, qui surplombe la ville, ou encore l’église luthérienne Felsenkirche, perchée sur un promontoire rocheux, offrant une vue magnifique sur la baie.
Lüderitz a gardé son charme singulier, à la fois européen et africain.
Avec ses rues balayées par le sable, son port animé et ses maisons pastel, elle dégage une atmosphère presque hors du temps, où l’histoire coloniale et la rudesse du désert se rencontrent.
Nous y avons passé la soirée et la nuit, bercés par le bruit des vagues et le souffle du vent du large.
Le lendemain matin, nous avons flâné à pied dans les rues paisibles de Lüderitz, profitant de l’atmosphère particulière de cette ville côtière, entre vents marins et bâtiments coloniaux colorés. Après un déjeuner rapide, il était temps de reprendre la route en direction de Aus, la route de Lüderitz étant un cul-de-sac.
Le nom “Aus”, dans la langue des Nama, signifie “fontaine aux serpents”, un rappel des légendes et des mystères qui planent sur ces terres arides. Autrefois, Aus jouait un rôle crucial pour les populations autochtones et les explorateurs européens, car la région abritait des points d’eau indispensables pour traverser le désert du Namib.
Ces réserves d’eau étaient un véritable trésor dans un environnement aussi hostile, permettant aux voyageurs et aux troupeaux de se désaltérer avant ou après les longues étapes dans l’immensité désertique.
Soirée et nuit au Lodge Vista’s Desert Horse Inn Klein
Nous avons poursuivi notre route vers le parc national de Namib-Naukluft, profitant de longues pistes de graviers qui s’étendaient à perte de vue. Le silence du désert est impressionnant, et sur des kilomètres, nous n’avons croisé aucun autre véhicule. Une étape incontournable sur le chemin : le château Duwisib.
Le château Duwisib :
Perché sur les collines du Namib, ce château ressemble à une forteresse médiévale sortie tout droit d’un roman.
Il fut construit par le “Baron” Capitaine Hansheinrich von Wolf à partir de 1908. Tous les matériaux furent importés d’Allemagne et acheminés via Lüderitz, tandis que les tailleurs de pierre venaient d’Italie, de Suède et d’Irlande.
Le château compte 22 pièces, mais le Baron n’y a jamais habité. En 1914, alors qu’il voyageait en Europe avec son épouse, la Première Guerre mondiale éclata, et leur bateau fut détourné vers Rio de Janeiro. À son retour, Von Wolf rejoignit l’armée allemande et fut tué lors de la bataille de la Somme en 1916, seulement deux semaines après son engagement. Sa femme ne retourna jamais en Namibie et ne réclama pas la propriété du château.
Après cette visite, nous avons passé la soirée et la nuit au Desert Homestead Lodge, un camp confortable qui tranche avec la rudesse du désert environnant.
Désert de sel de Sossusvlei :
Le lendemain matin, nous avons pris la route tôt pour atteindre le désert de sel de Sossusvlei et la célèbre Dune 45. Située exactement au 45e kilomètre de la route partant de Sesriem, cette dune majestueuse culmine à plus de 450 m d’altitude. Elle est composée de sable arraché au Kalahari par le fleuve Orange il y a environ cinq millions d’années, puis accumulé ici par les vents du désert.
Au pied de la dune se trouve le Dead Vlei, littéralement le “marais de la mort”. Cette cuvette d’argile blanche contraste avec l’orange vif du sable environnant. Autrefois, des inondations avaient détourné une rivière, créant un marais où poussaient des acacias du désert. Mais les dunes ont fini par bloquer l’arrivée de l’eau, et les arbres ont péri. Aujourd’hui, leurs troncs noirs, âgés d’environ 900 ans, restent debout, brûlés par le soleil et parfaitement conservés par l’extrême sécheresse.
Pour les plus courageux, l’ascension de la Dune 45 offre une vue imprenable sur Sossusvlei et le désert environnant. La chaleur est intense, étouffante même, mais la beauté des paysages récompense largement l’effort.
Après une nuit réparatrice, nous avons dit au revoir à la région centrale du Namib pour poursuivre notre périple vers le Nord. Nous avons longé la limite du parc de Namib-Naukluft, traversant le village de Solitaire, un lieu isolé dont le nom semble si bien lui convenir… Poursuivant notre route à travers les vastes Plains de Gravier, paysages lunaires et presque déserts, nous avons enfin rejoint la côte Atlantique à Walvis Bay.
Walvis Bay :
Cette ville portuaire, protégée par la pointe de sable de Pelican Point, est célèbre pour sa lagune littorale où se rassemblent de nombreuses espèces d’oiseaux : flamants roses, pélicans, sternes des baleiniers, et plus encore.
Les eaux froides de l’Atlantique Sud abritent également des otaries à fourrure d’Afrique du Sud, qui se prélassent au soleil et nagent avec aisance dans la lagune. Nous avons loué un catamaran pour observer la faune locale de plus près. Au cours de notre balade, nous avons même eu un passager clandestin : une jolie otarie qui, très curieuse, s’est approchée de notre embarcation, nous offrant un moment tendre et amusant avant de repartir dans l’océan.
La soirée et la nuit se sont passées à The Stiltz Lodge, à Swakopmund, un lieu charmant au bord de l’eau, parfait pour profiter de la fraîcheur après les chaleurs du désert.
Survol du désert du Namib
Le lendemain matin, avant de quitter Swakopmund, nous avons loué un petit avion pour survoler le salar de Sossusvlei et le désert du Namib. C’était un spectacle grandiose et inoubliable : les paysages défilaient sous nos yeux, changeant constamment de couleurs et de textures, passant du blanc éclatant des salars à l’orange flamboyant des dunes, parsemés d’ombre et de lumière. Le vol a duré 2h15, et je recommande vivement de réserver la veille, car la demande est forte et le ciel se prête souvent à ce voyage féérique.
Nous avons ensuite repris la route vers le Nord sur la C34, traversant la National West Coast Zone, une région de paysages côtiers sauvages, avec dunes, falaises et océan à perte de vue. Notre prochaine étape fut le village de pêcheurs de Henties Bay, où nous avons fait un arrêt pour découvrir la colonie d’otaries à fourrure du Cap Cross. Des centaines d’animaux se pressaient sur la plage et dans l’eau, offrant un spectacle fascinant et bruyant, un vrai ballet marin au cœur de la côte namibienne.
Henties Bay :
Ça pue, mais c’est sympa, et curieusement, ça rappelle une plage du Sud de la France en plein mois d’août… Nous étions à Cape Cross, la plus importante des 15 colonies d’otaries à fourrure de Namibie, qui abritent au total
6 500 000 individus. Les animaux sont bruyants, joueurs et souvent curieux, offrant un spectacle vivant et impressionnant malgré l’odeur envahissante.
Après cette pause animalière, nous avons repris la route en direction du Country Lodge à Twyfelfontein, où nous passerions la nuit.
Twyfelfontein :
Cette région très chaude, située dans le Nord-Ouest de la Namibie dans la région du Kunene, est l’une des plus riches en gravures et peintures rupestres des Bushmen. On y trouve près de 2 000 pétroglyphes répertoriés, gravés dans les rochers d’une vallée flanquée de montagnes de grès, soumises à un climat sec avec de larges variations de température entre le jour et la nuit.
Le site est habité depuis environ 6 000 ans, d’abord par des chasseurs-cueilleurs, puis par des éleveurs, les Khoïkhoïs ou San. Ces peuples ont utilisé cet endroit comme lieu sacré et rituel, créant près de 2 500 gravures rupestres pour accompagner leurs rites chamaniques. Twyfelfontein est aujourd’hui l’une des plus grandes concentrations d’art rupestre d’Afrique, un témoignage exceptionnel de la culture et de la spiritualité des premiers habitants.
Les Organ Pipes : Les Tuyaux d’Orgue
À proximité, se trouvent les Organ Pipes, les Tuyaux d’Orgue, situés près du petit inselberg de Burnt Mountain, à l’Ouest de la ville de Khorixas. C'est une formation rocheuse spectaculaire composée de basaltes cylindriques qui ressemblent, comme leur nom l’indique, aux tuyaux d’un orgue.
La région abrite également une plante endémique et emblématique de Namibie et d’Angola : la Welwitschia Mirabilis, capable de survivre plusieurs siècles dans des conditions désertiques extrêmes, un véritable symbole de résistance et d’adaptation à l’environnement aride.
La Welwitschia Mirabilis :
Cette plante est unique au monde : elle ne ressemble à aucune autre, et certains la trouvent… franchement moche ! Sa classification scientifique souligne son caractère exceptionnel : elle est le seul représentant de sa famille et de son ordre, les Welwitschiales, ce qui la distingue radicalement de toutes les autres plantes.
La Welwitschia est constituée de deux grandes feuilles linéaires qui poussent de manière continue dans des directions opposées, dont les extrémités se déchirent et se fragmentent avec le temps. Ce qui frappe le plus, c’est sa longévité incroyable : certains spécimens observés ont entre 1 000 et
2 000 ans.
La plus grande connue, surnommée “The Big Welwitschia”, atteint 1,40 m de hauteur et plus de 4 m de diamètre.
Certains individus peuvent même s’étendre jusqu’à 8 mètres de diamètre, atteignant potentiellement l’âge de 2 000 ans.
Respect ! Contempler cette survivante millénaire au cœur du désert du Namib, c’est se rappeler à quel point la nature peut être étonnante, résistante et singulière.
Les Himbas et les Hereros
Sur la route, nous avons croisé les tribus des Himbas et des Hereros, deux peuples autochtones bantous
apparentés qui vivent dans cette région depuis le XVe siècle.
Les Himbas :
Originaires de la région du Nil, en Égypte, les Himbas sont de lointains cousins des Massaï. Après plusieurs siècles de migration, ils se sont installés au Zimbabwe, en Angola et en Namibie. Les femmes se couvrent la peau d’un mélange d’ocre, de graisse animale, de plantes aromatiques et d’écorce, ce qui leur sert de protection contre le soleil et les insectes tout en maintenant la peau douce et souple.
Comme les Hereros, les Himbas sont avant tout agriculteurs sédentaires, maîtres dans l’art du fer. Leur société, fondée sur la présence des morts incarnés dans leurs troupeaux, reste rude et frugale. La beauté corporelle est très valorisée : hommes et femmes portent un simple pagne en cuir, et se fabriquent des sandales avec des pneus de voiture.
Les Hereros :
Les Hereros sont également éleveurs, originellement nomades. Les femmes portent de grandes robes superposées inspirées de la mode victorienne et
se coiffent d’un bicorne, tandis que les hommes adoptent des tenues plus simples.
Aujourd’hui, les Hereros occupent souvent des emplois peu qualifiés : ouvriers agricoles pour les ruraux, ou domestiques et vendeurs de rue dans les villes.
En 1904, ils se soulèvent contre la colonisation allemande. La répression
menée par le général Lothar von Trotha, qui ordonne leur extermination, décime la population : en quelques années, le nombre d’Héréros dans le Sud-Ouest africain chute de 80 000 à 15 000 individus.
Soirée et nuit au Ugab Terrace Lodge d’où il y a une vue exceptionnelle sur la vallée d’Ugab et sur le Rock Finger.
Le matin, nous avons pris la route vers l’Est en direction du Parc National d’Etosha.
Arrivés en fin de matinée par la Anderson’s Gate, l’entrée centrale du parc, nous avons effectué les formalités nécessaires avant de rejoindre le
Taleni Etosha Village pour y déposer nos bagages. L’endroit est vraiment charmant : les chambres sont installées sous tente, en pleine nature, mais tout le confort moderne y est présent — douche privée, cuisinette, et terrasse avec vue sur la brousse.
Le Parc National d’Etosha :
C'est l’un des plus grands sanctuaires animaliers d’Afrique. Situé dans la région du Kunene, à environ 400 km au nord de Windhoek, il s’étend sur plus de 22 000 km².
C’est un territoire fascinant, dominé par un immense pan salé, vestige d’un ancien lac asséché, visible depuis l’espace. La protection du site et la présence de nombreux points d’eau en font un refuge privilégié pour la faune africaine. On y recense plus de 114 espèces de mammifères et environ 340 espèces d’oiseaux, dont de nombreux migrateurs.
Dans l’après-midi, nous avons opté pour un safari en 4x4 ouvert avec guide, espérant apercevoir le roi des animaux. Après plusieurs kilomètres de piste, le silence n’était rompu que par le bruit du vent et le ronronnement du moteur… puis, au détour d’un buisson d’acacias, un petit groupe de lions se reposait à l’ombre. Moment d’émotion pure, suspendu dans le temps.
Safari photo
Le lendemain, nous avons pris la route avec notre propre véhicule pour un safari photo.
Et là, quelle journée ! À chaque virage, à chaque point d’eau, zèbres, girafes, oryx, gnous, éléphants et springboks semblaient nous attendre. L’impression que toute la faune d’Afrique avait rendez-vous pour nous saluer.
Le parc offrait un spectacle permanent, d’une beauté brute et sauvage, que seule l’Afrique sait offrir.
Dernière nuit dans le parc, sous un ciel piqué d’étoiles comme on n’en voit qu’ici.
Le lendemain, nous avons pris la route pour Windhoek, notre dernière soirée en Namibie, le cœur un peu serré à l’idée de quitter ce pays magique, aux paysages inoubliables et à la lumière incomparable.
Destination coup de cœur
Conclusion : J’ai adoré…
La Namibie est un pays exceptionnel, à la fois brut et envoûtant, par sa nature intacte, ses paysages grandioses, ses déserts infinis, sa faune sauvage et le contact si simple et sincère avec les Namibiens.
Même si j’aime profondément l’Afrique du Sud, la Namibie reste, pour moi, le plus beau pays d’Afrique noire.
Plus on avance sur ses longues routes désertes, plus on découvre des panoramas à couper le souffle, toujours plus beaux, toujours plus surprenants.
On a souvent cette sensation d’être seul au monde, loin du tumulte et du bruit, comme si le temps s’était arrêté. Ici, la nature se dévoile dans toute sa splendeur, et elle semble vous appartenir le temps d’un voyage.
Si vous ne deviez choisir qu’une seule destination en Afrique, choisissez la Namibie.
Elle vous marquera à jamais, comme elle l’a fait pour moi.
Carte de notre périple
© Textes et photographies : Stéphane Campagne/All rights reserved.
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