Voyage Evasion Découverte
By Steph
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INDE DU SUD
Couleurs d’épices…
Quelques années auparavant, en 2001, j’avais visité l’Inde du Nord avec deux amis et nous avions adoré. Depuis ce voyage, j’avais toujours eu l’envie de retourner dans ce magnifique pays et de découvrir le Sud.
L’Inde du Sud est un mélange harmonieux de paysages superbes, d’une culture hindouiste traditionnelle encore très vivante, de temples impressionnants, mais aussi de coutumes, de danses et de costumes traditionnels que l’on rencontre au quotidien. Visiter ce pays, c’est explorer de riches facettes culturelles dans un univers intemporel, rempli de senteurs et de couleurs chatoyantes. C’est aussi le pays des épices : poivre, cannelle, gingembre, thé et tabac.
En octobre 2006, je suis reparti pour un périple en voiture avec les deux amis qui m’avaient accompagné dans le Nord.
Conduire en Inde étant particulièrement difficile, voire dangereux pour de petits Européens comme nous, nous avons choisi de voyager avec une voiture et un chauffeur afin de profiter d’un voyage plus sûr. Les routes sont souvent mal entretenues, le code de la route peu respecté, et les embouteillages monstres sont monnaie courante. Le trafic peut sembler complètement chaotique.
Vous devrez apprendre à gérer des situations inattendues : des voitures qui se rabattent brutalement, des dépassements audacieux sans tenir compte des véhicules venant en sens inverse… Il n’est pas rare de voir un bus doubler un camion qui double lui-même une voiture, qui tente de dépasser une mobylette. Vous vous retrouvez alors face à ce petit monde en vous demandant comment passer sans percuter quelqu’un. Ici, celui qui klaxonne le plus fort a souvent raison.
Il vous faudra donc apprendre à partager la route, non seulement avec les autres automobilistes, mais aussi avec les cyclistes, les piétons… et les animaux.
Lorsque l’on visite le Sud de l’Inde, on a l’impression d’être dans un coin reculé et calme tellement le contraste est fort avec l’Inde du Nord.
Le dépaysement dans le Sud est présent mais m’a paru plus calme, plus propre et plus paisible.
Un autre pays !
KARNATAKA :
Nous sommes arrivés à Bangalore, dans la région du Karnataka, mais nous n’y sommes pas restés. Notre chauffeur nous a récupérés à l’aéroport et nous a conduits à Shravanabelagola, à 150 km de Bangalore, pour débuter notre voyage. Cette ville se trouve dans le district d’Hassan. C’est le plus important centre religieux du jaïnisme, célèbre surtout pour sa colossale statue de Gomateshvara.
Shravanabelagola :
Shravanabelagola est le centre religieux majeur du jaïnisme en Inde. Sa renommée repose principalement sur la gigantesque statue de Gomateshvara, également appelée Bahubali, qui attire des pèlerins du pays entier. Cette statue imposante, taillée dans un seul bloc de granite, est l’un des symboles les plus emblématiques de la région et un témoignage impressionnant de l’art et de la dévotion jaïn.
La Statue de Gomateshvara :
Sur la colline Vindhyagiri, à 130 m d’altitude, se dresse un moine-ascète jaïn nu, le Gomateshwara, une impressionnante statue de granit de 18 m de haut. Pour y monter nous devons gravir 614 marches taillées dans la roche. Construite en 981 de notre ère, elle est considérée comme l’une des plus grandes statues de pierre monolithique au monde.
Cette visite, impressionnante par sa taille et sa spiritualité, nous a immédiatement plongés dans l’ambiance de la vie indienne. Après cette découverte, nous avons pris la route pour Hassan, où nous avons passé la nuit.
Le matin, après un bon petit déjeuner, nous nous sommes dirigés vers Belur pour visiter le temple de Chennakeshava.
Belur :
Belur fut une grande cité des souverains Hoysala, qui régnèrent entre le XIe et le XIVe siècle. Les Hoysala se convertirent au jaïnisme, ce qui explique la présence conjointe de divinités jaïnes et hindoues dans la ville.
Le Temple de Chennakeshava :
Ce magnifique temple hindou, toujours en activité, date du XIIe siècle. Construit en 1117, il est entièrement réalisé en schiste et se distingue par ses sculptures finement détaillées et ses décorations raffinées, qui illustrent l’art et l’architecture Hoysala à leur apogée.
Des frises font le tour de tout l’édifice, à sa base. Les éléphants de la frise inférieure supportent symboliquement le temple. Au-dessus, se succèdent des scènes guerrières évoquant des épisodes du Mahabharata et du Ramayana, ainsi que des motifs végétaux, des oiseaux et des animaux fantastiques. C’est une véritable merveille.
À quelques kilomètres de là, à Halebid, nous avons découvert le temple de Hoysaleshvara.
Halebid :
Halebid fut une grande cité des souverains Hoysala, qui régnèrent entre le XIe et le XIIIe siècle, et devint capitale du royaume en 1060. Elle est célèbre pour ses temples médiévaux, véritables chefs-d’œuvre d’architecture et de sculpture.
Le Temple de Hoysaleśvara :
C’est un double temple hindou dédié à Shiva et à la déesse Parvati, construit au XIIe siècle. Il est renommé pour la finesse et la richesse de ses sculptures, représentant à la fois des divinités et des scènes mythologiques tirées du Mahabharata.
Les détails sculptés dans la pierre sont d’une précision exceptionnelle et témoignent de l’apogée de l’art Hoysala.
D'aspect massif et compact, le temple est installé sur une plateforme de pierre, accessible par quelques marches. D’une grande finesse et d'une beauté remarquable, il n’a pas d’équivalent en Inde du Sud. La construction du temple débuta en 1121, comme l’atteste une stèle retrouvée à proximité, et s’acheva environ 80 ans plus tard. Il s’agit de l’un des plus grands temples dédiés à Shiva dans le sud de l’Inde, et son architecture reste impressionnante par sa perfection et son raffinement.
Notre chauffeur nous attendait pour nous emmener à Mysore, où nous passions la nuit. Nous avions 150 km à parcourir et avons mis environ 3h30.
Mysore :
C’est la deuxième ville de l'État du Karnataka et l’ancienne capitale du royaume de Mysore pendant près de six siècles, de 1399 à 1956. Mysore est réputée pour ses monuments et ses palais, parmi lesquels le célèbre Palais de Mysore.
L’opulent palais, appartenant à la dynastie des Wodeyâr, se situe au centre de la ville. Il mêle différents styles architecturaux : hindou, islamique, gothique et rajput, offrant un ensemble riche et spectaculaire à admirer.
Il a été construit en 1912 par l’architecte anglais Henry Irwin. Le palais actuel a été édifié après l’incendie du Vieux Palais en bois, survenu en 1896, entre 1897 et 1912.
Mysore abrite également le marché plusieurs fois centenaire de Devaraja, un lieu emblématique qui regorge de trésors sensoriels : épices, soieries, bois de santal et autres merveilles locales.
Le marché de Devaraja, situé dans le quartier de Mysuru, est un véritable festival de couleurs et de parfums. On y trouve des fleurs, des fruits, des légumes, et des tas coniques de poudres de kumkum colorées, utilisées pour les rituels et les décorations. On y vend aussi des épices, des huiles essentielles, des encens et bien d’autres produits artisanaux. L’endroit est particulièrement pittoresque avec ses kilomètres de guirlandes de fleurs — œillets d’Inde, jasmins, roses — suspendues à perte de vue. Un vrai régal pour les yeux et un enchantement pour les sens !
À propos… Nous avons dormi dans un ancien palais : le Green Hotel de Mysore.
Le palais Chittaranjan, construit à l’origine pour les princesses de Mysore, a été restauré avec soin pour devenir un hôtel de charme. Véritable oasis de calme, il est bordé d’arbres majestueux et entouré de vastes jardins, de pelouses impeccablement entretenues et de pergolas ombragées.
Rénové avec goût et meublé d’artisanat indien traditionnel, l’hôtel offre un cadre colonial élégant et apaisant. Le personnel est d’une grande gentillesse et l’atmosphère y est sereine.
👉 Je le recommande vivement ! Lien de l’Hôtel
Ooty :
Ooty est une ville de montagne située dans les Ghâts occidentaux, dans l’État du Tamil Nadu. Elle culmine à environ
1 400 m d’altitude.
À l’origine, c’était la station d’été du Raj britannique, où les colons venaient chercher la fraîcheur pendant la saison chaude.
Même si la ville d’Ooty en elle-même n’a pas beaucoup de charme, elle reste une étape incontournable sur la route vers Cochin, permettant de traverser les superbes collines de plantations de café et de thé.
À voir absolument : le jardin botanique, aménagé à la française, qui vaut le détour.
La région d’Ooty est en revanche magnifique : perchée à plus de 2 000 m d’altitude, elle offre un panorama exceptionnel sur les Blue Mountains.
Montagnes, lacs, forêts denses, prairies tentaculaires, champs de thé et d’eucalyptus forment un décor d’une grande beauté, typique des hautes terres du sud de l’Inde.
Nous avons eu la chance de dormir au Fernhills Royal Palace, un lieu chargé d’histoire et d’élégance.
Ce superbe palace rayonne encore du charme d’une époque révolue, celle du Raj britannique, mêlant romance et chevalerie.
Son histoire est fascinante : en 1873, le prince Chamarajendra Wadiyar X, alors âgé de seulement douze ans, acheta 40 acres de la propriété Fernhills pour 10 000 roupies. Il devint ainsi le premier prince indien à acquérir une propriété anglaise à Ooty.
Depuis lors, le Fernhills Royal Palace appartient à la dynastie Wadiyar et il est aujourd’hui dirigé par Son Altesse Promoda Devi Wadiyar.
L’endroit est rempli de charme, avec ses grandes galeries, ses meubles d’époque et son atmosphère d’antan. On s’y sent presque transporté à l’époque des maharajas et des officiers britanniques en villégiature.
Petite anecdote…
Nous étions les seuls clients de l’hôtel. Les chambres étaient immenses, au moins 40 m² chacune, avec des salles de bain d’une quinzaine de mètres carrés !
Il y faisait vraiment très froid, et le réceptionniste nous a proposé, pour 5 € par cheminée, de les allumer afin de réchauffer un peu les chambres.
Autant dire que nous n’avons pas hésité une seconde ! Dès que le feu commençait à s’éteindre, nous lui redonnions
5 €, et il arrivait aussitôt avec des bûches pour le ranimer.
Nous avons continué ainsi jusqu’à l’heure du coucher.
Il était rayonnant de bonheur, car pour lui, cette somme représentait une petite fortune.
J’en garde un souvenir merveilleux : celui d’un vieux palace plein de charme, d’un personnel d’une gentillesse incroyable, et de cette impression unique d’avoir remonté le temps.
Le lendemain, une longue route nous attendait pour rejoindre Cochin, une étape supplémentaire avant de poursuivre vers Alleppey.
Plus de 275 km et près de 7 heures de trajet…
Nous nous sommes donc préparés psychologiquement à ce long périple 😄
KERALA :
Nous sommes arrivés éreintés en fin de journée à Cochin.
Cochin :
Cochin (ou Kochi) fait partie de l’État du Kerala, situé dans le sud-ouest de l’Inde.
Son port, l’un des plus anciens du pays, existe depuis 1341, date à laquelle il a été formé à la suite d’une grande inondation.
Cet événement a ouvert la ville au monde, attirant au fil des siècles marchands arabes, chinois, portugais, hollandais et britanniques.
Cochin est ainsi devenue un véritable carrefour des civilisations, où se mêlent cultures, religions et architectures d’influences multiples.
Les filets de pêche chinois en porte-à-faux, typiques de Cochin, sont utilisés depuis des siècles.
Nous avions réservé un spectacle de danse Kathakali, une performance mêlant danse et théâtre qui fait partie de la tradition du Kerala depuis le 17e siècle.
Son principal atout réside dans l’incorporation du théâtre à toutes ses représentations, où le drame occupe le rôle central.
Les costumes somptueux et le maquillage spectaculaire des interprètes sont des éléments essentiels : certains visages sont entièrement peints, et il leur faut parfois jusqu’à quatre heures pour se préparer avant le spectacle.
Le Kathakali est l’une des danses les plus symboliques et complexes au monde, mêlant théâtre, danse, musique et art visuel.
Les personnages y racontent des histoires mythologiques uniquement par les gestes, les expressions du visage et la musique, sans prononcer un seul mot.
C’est magnifique… mais il faut avouer que, après sept heures de route, le rythme lent et hypnotique du spectacle nous a presque bercés — on s’endormait sur nos chaises ! 😅
Alappuzha : Alleppey
Nommée Alleppey jusqu’en 1990, Alappuzha est considérée comme la capitale incontestée de la croisière fluviale.
Située entre la mer des Laquedives et le lac Vembanad, la ville s’étend le long d’un immense réseau de canaux s’enfonçant au cœur du Kerala.
Locaux et voyageurs s’y pressent pour passer une nuit à bord d’anciennes barges à riz, magnifiquement réaménagées en “houseboats” de luxe, et s’émouvoir devant la beauté paisible des paysages.
C’est le point de départ idéal pour une croisière sur les backwaters, un ensemble de lagunes, canaux et lacs d’eau saumâtre qui serpentent parallèlement à la mer d’Arabie — un univers hors du temps, typique du Kerala, où l’eau, la végétation et la vie quotidienne se confondent en une symphonie de sérénité.
Nous avions réservé notre première nuit à Emerald Isle, une magnifique maison d’hôtes située sur une petite île, à une dizaine de kilomètres de la ville d’Alleppey. Pour y accéder, nous avons dû prendre un petit bateau et traverser le fleuve, ce qui donnait déjà le ton du séjour : calme, nature et dépaysement total.
La maison principale, habitée encore aujourd’hui par quelques membres de la famille, a environ 150 ans.
Les bâtiments transformés en chambres d’hôtes servaient autrefois d’entrepôts à riz.
L’ensemble, parfaitement restauré, est entouré d’un jardin luxuriant et de petits étangs de pêche.
Il n’y a qu’une demi-douzaine de chambres, et comme nous étions les seuls clients, nous avons partagé tous nos repas dans la cuisine familiale en compagnie de nos hôtes.
Chaque jour, un menu fixe proposait une cuisine traditionnelle du Kerala, aussi parfumée qu’authentique, pour le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner.
C’était un peu étrange au début d’avoir des légumes et du curry dès le matin, mais la nourriture était délicieuse — et c’était un vrai plaisir de goûter à de nouvelles saveurs dans cette ambiance simple et conviviale.
Le lendemain, en fin de matinée, nous avons pris la direction de notre kettuvallam, notre maison flottante pour une croisière à travers les backwaters.
Ces bateaux traditionnels, longs parfois de 30 mètres, pouvaient à l’époque transporter jusqu’à 30 tonnes de marchandises.
Autrefois, les kettuvallams étaient utilisés pour acheminer le riz, les épices et autres denrées depuis la région fertile du Kuttanad jusqu’au port de Cochin — un voyage qui durait en moyenne trois jours.
Aujourd’hui, ces anciennes barges ont été réhabilitées en confortables bateaux-hôtels, permettant aux voyageurs de naviguer paisiblement au fil des canaux, au cœur de la vie quotidienne du Kerala.
Le développement du réseau routier, ferroviaire et aérien a changé la donne, amenant les habitants à considérer ce mode de transport fluvial comme lent et dépassé.
Cependant, plusieurs modifications ingénieuses ont été apportées pour en faire aujourd’hui de véritables embarcations touristiques.
La hauteur du toit a été augmentée pour permettre une meilleure circulation des passagers, un plancher droit a été ajouté sur la coque courbe afin d’assurer plus de confort, et de larges ouvertures ont été créées pour profiter du paysage. L’entrée, désormais placée au centre, est fermée par un solide panneau de bois sculpté.
Chaque kettuvallam est construit de manière artisanale par des charpentiers locaux, à partir de matériaux naturels : fibre et corde de coco, bambou, nattes tressées, et mâts en bois.
Le bois d’Anjili constitue le matériau principal. La coque, formée de longues planches courbées, est liée à la fibre de coco et enduite de résine noire caustique, extraite de noix de cajou bouillies — un procédé traditionnel qui assure l’étanchéité du bateau.
Motorisé, le kettuvallam se pilote encore parfois à l’aide d’avirons dans les zones les plus calmes.
Après avoir fait connaissance avec notre capitaine, le cuisinier et le mécanicien, nous avons pris le large, loin du tumulte des routes indiennes, à bord de ce bateau au charme indéniable.
Nous descendions lentement les canaux bordés de palmiers et de maisonnettes, observant la vie quotidienne des habitants : des femmes lavant leur linge au bord de l’eau, des enfants jouant sur les berges, des pêcheurs ramenant leurs filets.
Un moment suspendu, paisible, hors du temps.
Il faut reconnaître que cette activité engendre aujourd’hui une certaine pollution, car il y a trop de bateaux et peu de régulations environnementales. Malgré cela, je trouve que c’est une expérience incontournable lorsqu’on visite le sud de l’Inde — une immersion unique dans la douceur de vivre du Kerala.
Après une demi-journée et une nuit à bord, nous sommes revenus à notre point de départ en fin de matinée.
Notre chauffeur nous attendait pour reprendre la route vers le parc national de Periyar.
Le Parc National de Periyar :
Situé à environ 100 km à l’est d’Alappuzha et 110 km à l’ouest de Madurai, le Parc national de Periyar couvre une superficie de 777 km², dont 350 km² constituent la réserve centrale.
Cette zone protégée a été créée pour préserver les tigres dans le cadre du programme Project Tiger — mais, malheureusement, nous n’en avons pas vu !
Nous avons passé la nuit à Thekkady, avant de repartir le lendemain vers Madurai, après quatre heures de route chaotique, entre travaux, embouteillages et vaches sacrées au milieu de la chaussée.
TAMIL NADU
Madurai :
Madurai est la deuxième ville la plus importante et la capitale culturelle de l'État du Tamil Nadu, située sur les rives du fleuve Vaigai.
Elle est réputée pour ses nombreux temples, son architecture spectaculaire, et son histoire plurimillénaire.
Capitale du royaume des Pândya, Madurai aurait plus de 2 500 ans d’histoire et était déjà un centre commercial florissant à l’époque romaine.
Le palais de Thirumalai Nayak, que l’on peut admirer aujourd’hui, fut érigé en 1636.
Il constituait à l’époque la résidence principale du roi, et l’ensemble originel était quatre fois plus vaste que la structure actuelle.
À son apogée, ce palais était considéré comme l’une des merveilles de l’Inde du Sud, alliant élégance, puissance et raffinement.
Malgré les siècles et les destructions, les colonnes monumentales et la grande cour intérieure témoignent encore de la splendeur passée du royaume.
Construit entre 1560 et 1680, le temple de Mînâkshî est un chef-d'œuvre de l’architecture dravidienne.
C’est l’un des temples hindous en activité les plus importants de toute l’Inde.
Il est consacré à Mînâkshî, avatar de la déesse Pârvatî, épouse de Shiva, et à Shiva lui-même, sous sa forme de Sundareshvara (“le beau seigneur”).
Le complexe comporte deux sanctuaires principaux, un pour chaque divinité, ainsi que de nombreuses enceintes ornées de tours-portails monumentales, les célèbres gopurams.
Ces tours, couvertes de sculptures et peintes de couleurs vives, dominent la ville — la plus haute, le gopuram Sud, culmine à 50 mètres.
Le temple est un haut lieu de pèlerinage : des milliers de fidèles viennent s’y marier, prier ou se purifier.
L’atmosphère y est à la fois mystique, vibrante et foisonnante, un véritable cœur spirituel du Tamil Nadu.
Petite anecdote locale : Autorickshaw
Question : Combien de personnes peut-on faire tenir dans un autorickshaw ?
Réponse : Apparemment… beaucoup !
Le record que j’ai vu : six personnes à l’intérieur, plus deux accrochées à l’extérieur ! 😄
Une expérience typiquement indienne — bruyante, colorée et inoubliable !
Après une bonne nuit de sommeil à Madurai et un excellent petit déjeuner, nous voilà prêts à reprendre la route pour rejoindre Trichy !
Heureusement, l’étape du jour est assez courte : seulement 135 km à parcourir.
Tiruchirappalli : Trichy
Appelée communément Trichy, cette grande ville du Tamil Nadu porte en réalité le nom complet de Tiruchirappalli.
Avec plus d’un million d’habitants, c’est une métropole animée, à la fois spirituelle et moderne.
Dès notre arrivée, nous nous sommes dirigés directement vers le temple de Sri Ranganathaswamy, l’un des plus impressionnants de tout le sud de l’Inde.
Temple de Sri Ranganathaswamy :
Ce temple hindou est consacré à Ranganatha, la forme de repos du dieu Vishnou.
Il s’agit du premier et principal des 108 Divya Desams, les demeures sacrées de Vishnou, et c’est aussi le plus grand temple d’Inde — voire l’un des plus vastes complexes religieux encore en activité dans le monde.
Sa superficie atteint 631 000 m², un chiffre vertigineux !
Le temple est entouré de sept enceintes murales concentriques (les mathil suvar), d’une longueur totale de près de
10 km.
Ces murs sont ponctués de 21 tours-portails, les fameux gopurams, finement sculptés et colorés.
L’une des principales merveilles du site est la salle aux mille piliers — qui en compte en réalité 953, chacun décoré d’un motif différent.
Les non-hindous ne peuvent pas accéder au-delà du sixième mur, et donc pas au sanctuaire intérieur, où se trouve une salle au plafond doré abritant la divinité principale.
Même depuis les zones accessibles, le lieu dégage une atmosphère mystique et une puissance spirituelle impressionnante.
Une fois la visite terminée, nous avons repris la route en direction de Tanjore, où nous avons passé la nuit.
Notre première visite de la journée à Tanjore était consacrée à la découverte du temple de Brihadesvara.
Tanjore : Thanjavur
Appelée aussi Thanjavur, cette ancienne capitale fut autrefois le fief de la dynastie Chola, avant d’être gouvernée successivement par les Nayaks du royaume de Vijayanagara, puis par les Marathes.
Tanjore est célèbre dans toute l’Inde pour son patrimoine artistique, ses bronzes remarquables et surtout son temple de Brihadesvara.
Le temple de Brihadesvara :
Chef-d’œuvre absolu de l’architecture dravidienne, le temple de Brihadesvara est dédié à Shiva-Rudra.
Il fut construit entre 1003 et 1010 par le roi Râjarâja Chola Ier, à l’apogée de la puissance de son empire.
Ce temple monumental, entièrement en granit, impressionne par sa perfection architecturale et sa pureté de lignes.
Son vimana (tour sanctuaire) s’élève à 66 mètres, ce qui en faisait à l’époque le plus haut édifice du sud de l’Inde.
C’est une pure merveille, à la fois majestueuse et harmonieuse — un joyau intemporel classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le temple illustre parfaitement la puissance de la dynastie Chola. Il servait autrefois de cadre aux cérémonies religieuses royales, symbolisant à la fois la foi et la suprématie du roi sur son royaume.
En septembre 2010, le temple a célébré ses mille ans d’existence, un événement grandiose commémoré par tout le Tamil Nadu.
À 70 km de Tanjavur, nous avons pris la route vers Gangaikondacholapuram, l’une des étapes les plus fascinantes de notre voyage.
Gangaikondacholapuram :
Cette ancienne capitale de l’Empire Chola fut fondée par le roi Râjendra Ier vers 1025, pour commémorer sa victoire sur les Pala du Bengale et sur les dynasties des Ganga de l’Est.
La cité, jadis resplendissante, fut détruite à la fin du XIIIᵉ siècle par les Pandya de Madurai. Aujourd’hui, seuls subsistent les vestiges de son temple de Brihadisvara, entourés de ruines éparses, témoins silencieux d’un passé glorieux.
Ce temple, sans équivalent dans l’architecture de l’Inde du Sud, a été inscrit en 2004 au patrimoine mondial de l’UNESCO au sein du bien intitulé « Les grands temples vivants Chola ».
Il est célèbre pour son raffinement architectural et l’abondance de ses sculptures, participant à un programme iconographique d’une rare complexité, reflet d’une profonde réflexion sur la mythologie hindoue.
Deuxième nuit à Tanjore, avant de reprendre la route le lendemain matin.
Au matin, nous avons quitté Tanjore pour Chidambaram, une étape avant d’arriver à Pondichéry.
Chidambaram :
Cette ville n’a, à première vue, aucun attrait particulier, mais elle est réputée dans toute l’Inde pour son sanctuaire du Naṭarāja, le « danseur cosmique », l’une des représentations les plus célèbres du dieu Shiva exécutant sa danse bienheureuse (Ananda Tandava).
Haut lieu du shivaïsme depuis plus de 2 000 ans, Chidambaram est entrée dans l’histoire avec la construction de ce sanctuaire mythique.
C’est ici, selon la tradition, que le dieu Shiva aurait inauguré sa danse sacrée, à l’origine de la danse classique du Tamil Nadu, le Bharata Natyam.
Pondichéry : Puducherry Ville coup de cœur
Ancien comptoir français fondé au XVIIᵉ siècle, Puducherry n’a pas effacé les traces de son passé colonial. C’est cette superposition du temps et des influences qui lui confère une atmosphère unique, à la charnière entre deux mondes.
Son nom évoque encore aujourd’hui une page de légende, empreinte d’histoire, de nostalgie et d’un charme intemporel.
Photos prise sur Wikipédia
Tout se découvre à pied ou à bicyclette dans cette superbe ville aux couleurs chatoyantes, aux jardins arborés et aux belles demeures coloniales. Son calme, sa convivialité et son mélange harmonieux de cultures indienne et française donnent à Pondichéry un charme inimitable, suspendu entre le passé et le présent.
Un véritable coup de cœur pour nous ! 💛
Malheureusement, la carte mémoire de mon appareil photo a buggé juste après notre passage à Pondichéry... Résultat : plus aucune photo de ce superbe moment. Heureusement, je prends toujours soin de changer régulièrement mes cartes lors de mes voyages, pour éviter de tout perdre en cas de souci. Mais sur le coup, j’étais vraiment dégoûté !
Après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons tranquillement la route en direction de Mahābalipuram.
Mahābalipuram :
Située sur la côte de Coromandel, à environ 50 km au sud de Chennai (Madras), Mahābalipuram est une station balnéaire côtière pleine de charme.
Au Moyen Âge, elle servait de port à Madras et fut un important centre de la dynastie Pallava.
La ville est aujourd’hui célèbre pour son site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, connu sous le nom de « Groupe de monuments de Mahābalipuram ». Cet ensemble remarquable regroupe une série de temples, sanctuaires et sculptures monumentales datant des VIIᵉ et VIIIᵉ siècles, témoignant du savoir-faire exceptionnel des artistes Pallava.
Parmi les plus impressionnants, les Cinq Ratha — Yudhishthira (ou Dharmaraja), Bhima, Arjuna, Draupadi et Nakula-Sahadeva — sont des monuments monolithiques taillés directement dans la roche.
Chacun diffère par sa forme et sa taille, et ensemble, ils offrent un panorama saisissant de l’art dravidien primitif.
Creusés dans une petite colline descendant doucement vers le sud du village, ces temples sculptés sont d’une beauté et d’une finesse exceptionnelles.
Parmi les curiosités les plus étonnantes de Mahābalipuram, il y a la célèbre Boule de beurre de Krishna, aussi appelée Vaanirai Kal.
C’est un rocher sphérique de granite, de plusieurs tonnes, immobile sur une pente abrupte, comme suspendu dans l’équilibre.
Ce bloc, qui semble défier les lois de la gravité, serait posé là depuis près de 1 300 ans !
Selon la légende, cette “boule de beurre” aurait été laissée tomber par Krishna enfant, un bébé gourmand qui chapardait le beurre soigneusement gardé par sa mère… avant d’en faire rouler un morceau géant sur la colline ! 😄 Un vrai petit garnement divin.
Un autre site incontournable est le Temple du Rivage, construit entre 700 et 728. Il doit son nom à sa situation exceptionnelle au bord de la mer, sur un promontoire s’avançant dans le golfe du Bengale.
C’est l’un des premiers temples “construits” (par opposition aux temples monolithes taillés dans la roche, comme les Cinq Ratha voisins).
Édifié en blocs de granit locaux, il témoigne de la transition vers une nouvelle forme d’architecture dravidienne.
Battue par les vents salés et les embruns depuis plus de douze siècles, la pierre porte les traces du temps, mais la majesté du lieu reste saisissante : face à l’océan, ce temple semble encore veiller sur la côte de Coromandel.
En début d’après-midi, nous reprenons la route vers Kanchipuram, une autre cité sacrée du Tamil Nadu.
Kanchipuram :
C’est l’une des sept villes saintes de l’Inde, un haut lieu de pèlerinage hindou aussi sacré que Varanasi.
Ancienne capitale des grands royaumes dravidiens, Kanchipuram se déploie sur les rives de la rivière Palar, et fut pendant des siècles un centre spirituel, artistique et intellectuel majeur du sud du pays.
La ville abrite de magnifiques temples dédiés à Shiva et Vishnou, dont les plus célèbres sont le Kailasanatha Temple, en pierre de grès, et l’impressionnant Ekambareshvara Temple, reconnaissable à sa tour (gopuram) de plus de 50 mètres de haut.
Chaque édifice est un véritable chef-d'œuvre d’architecture dravidienne : colonnes finement sculptées, frises mythologiques, et une profusion de détails qui témoignent de la ferveur et du savoir-faire de toute une époque.
Kanchipuram est aussi connue pour ses soieries réputées dans toute l’Inde, les fameux saris de Kanchipuram, aux couleurs éclatantes et tissés de fils d’or.
Nous avons été fascinés par l’atmosphère si particulière de la ville — à la fois animée et empreinte de spiritualité, vibrante de prières, d’encens et de vie.
C’est une pure merveille… à voir absolument si l’on veut ressentir le cœur spirituel du Tamil Nadu.
Après cette ultime immersion, nous avons passé la nuit à Chennai, avant de reprendre la route le lendemain vers Bangalore, pour notre dernière journée en Inde du Sud, avant le vol retour vers la France.
Destination coup de cœur
Conclusion : C’était la deuxième fois que j’allais en Inde, et j’ai, une fois encore, adoré. C’est un pays si différent de tous ceux que j’ai pu découvrir, et tellement attachant.
Ce voyage fut, une fois de plus, un dépaysement total — avec parfois la sensation d’être sur une autre planète.
L’Inde est connue pour ses traditions ancestrales et son patrimoine d’une richesse exceptionnelle, aussi vaste que variée. Elle se distingue également par sa cuisine haute en couleurs, savoureuse et étonnamment diversifiée.
C’est, sans conteste, le pays des végétariens par excellence !
Je n’ai qu’une envie : y retourner.
L’Inde est un pays trop vaste pour qu’on puisse en résumer toutes les richesses en quelques lignes…
Pour la comprendre, il faut la vivre.
Entre ses villes fourmillantes, ses traditions festives, sa cuisine épicée, sa pauvreté, la beauté de ses paysages, sa spiritualité, sa ferveur, sa modernité et sa mixité religieuse et ethnique…
L’Inde, c’est tout cela à la fois — et bien plus encore.
Comme on dit souvent, lorsqu’on va pour la première fois en Inde, on adore ou on déteste.
Mais une chose est sûre : on n’en revient jamais tout à fait le même.
Ne cherchez pas à révolutionner l’Inde — acceptez-la telle qu’elle est, dans toute sa complexité, sa beauté et ses contradictions.
C’est ainsi qu’elle se révèle, et qu’elle vous touche en plein cœur. ❤️
Carte de notre périple
© Textes et photographies : Stéphane Campagne/All rights reserved.
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