Voyage Evasion Découverte
By Steph
BLOG POUR LES AMOUREUX DES VOYAGES
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Téhéran - Shiraz - Persépolis - Naqsh-e Rostam - Ispahan - Abyaneh - Kashan
La tour Azadi - Le musée national d’Archéologique de Téhéran - Le mausolée de Hafez - Le mausolée de Saadi
La forteresse de Karim Khan - La Mosquée Nasir al-Mulk - Le Palais Bagh-e Eram - La mosquée Vakil - La Mosquée Masjid-i Atiq
Le Bazar couvert de Vakil - La Grande Mosquée du Shâh - La Mosquée du Cheikh Lotfallah - Le pont Si-o-se-pol
Un voyage pas comme les autres…
On entre en Iran avec la certitude de vivre un voyage pas comme les autres, et l’on en ressort profondément marqué par ce pays chargé d’histoire, aux racines vieilles comme le monde. L’Iran fait souvent couler beaucoup d’encre, mais lorsque l’on a la chance d’y poser les pieds — et d’accepter les contraintes d’une république islamique — on découvre une terre fascinante, attachante, et d’une beauté insoupçonnée.
C’est un pays où les paysages sont majestueux, où les vestiges archéologiques se mêlent à une culture millénaire, et surtout, où l’hospitalité se manifeste à chaque coin de rue. La population iranienne est d’une rare générosité, toujours prête à offrir un sourire, un thé ou une aide spontanée. Quant à son héritage perse, il captive le voyageur par la richesse de son architecture et la profondeur de son histoire.
J’avais toujours rêvé de visiter l’Iran — le pays des Mille et Une Nuits…
Lorsque nous avons décidé, un ami et moi, de partir à l’aventure, tout le monde nous a déconseillé ce projet.
Mais quand on a une idée en tête… difficile de faire marche arrière !
À l’époque, il n’était pas simple d’organiser un road trip en solo à travers le pays. Nous avons donc fait appel à une agence locale, avec chauffeur et guide.
En octobre 2008, le visa en poche et les valises prêtes, nous embarquions pour un périple inoubliable.
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Petite anecdote… une arrivée mouvementée ! 😄
Notre arrivée en Iran n’a pas été de tout repos.
À peine l’avion posé sur le tarmac, nous suivons le flot des passagers vers le contrôle des douanes. Lorsque vient notre tour, les agents nous demandent gentiment de nous mettre sur le côté… avant de disparaître avec nos passeports !
Nous les voyons passer de bureau en bureau, sans la moindre explication. Pendant ce temps, tous les autres voyageurs franchissent tranquillement la douane.
Deux heures plus tard, un homme en costume s’avance vers nous, impassible, et nous rend nos passeports d’un geste de la main, nous invitant simplement à passer.
Ont-ils cru que nous étions deux journalistes infiltrés ? Deux espions en mission façon James Bond ? Mystère total…
Mais une chose est sûre : nous voulions de l’aventure, et nous avons été servis dès l’arrivée !
Heureusement, notre guide, ayant repéré nos bagages tourner encore et encore sur le tapis, a eu la bonne idée de nous attendre.
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Une guide pas comme les autres…
Je me rappelle encore la tête de notre guide lorsqu’elle nous a vus arriver à l’aéroport.
— « Oh mon dieu… ce sont deux hommes ! »
Et oui ! L’agence, sans doute trompée par nos prénoms, avait imaginé qu’elle allait accueillir deux femmes… et avait donc confié la mission à une guide. Autant dire que la surprise fut totale — pour elle, comme pour nous !
Elle a immédiatement appelé l’agence pour signaler l’erreur, mais celle-ci, un peu embarrassée, lui a répondu qu’il n’y avait plus de guide de remplacement disponible.
Finalement, heureusement pour nous, les choses sont restées ainsi. Et ce fut une vraie chance : elle avait presque notre âge, un tempérament vif et une curiosité débordante. Le courant est passé tout de suite, et très vite, une belle complicité s’est installée entre nous.
Dès le premier jour, elle nous a prévenus avec un sourire malin :
« Je n’ai jamais travaillé avec ce chauffeur, et je ne sais pas s’il comprend le français. Donc quand il sera là, je vous parlerai de l’Iran officiellement… et quand il ne sera pas là, je vous dirai la vraie vie des Iraniens. »
Et elle a tenu parole ! Grâce à elle, nous avons pu découvrir l’envers du décor, loin des clichés, avec une sincérité et une profondeur rares.
Mais pour elle, ce n’était pas toujours simple. En Iran, une femme vue seule avec deux hommes étrangers attire forcément l’attention. La police la contrôlait régulièrement — presque toutes les cinq minutes — pour vérifier qu’elle était bien une guide officielle et non une jeune femme “promenée” par deux touristes.
Une situation parfois pesante pour elle, mais qu’elle vivait avec humour et courage.
Les règles vestimentaires à connaître avant de partir
Avant d’entrer en Iran, il est essentiel de bien connaître le code vestimentaire en vigueur — il obéit à des règles strictes, particulièrement pour les femmes.
👩🦱 Pour les femmes :
Pas besoin de burqa, rassurez-vous !
Mais il faut adopter une tenue sobre, qui ne dévoile pas les formes du corps.
➡️ Pas de vêtements moulants, pas de décolleté, pas de manches courtes.
➡️ Une robe ou une tunique longue arrivant au moins à mi-cuisses est recommandée.
➡️ Et surtout, le voile (ou un grand foulard) est obligatoire dès que l’avion atterrit sur le sol iranien.
Il faut donc en avoir un dans son sac de cabine, sinon impossible de descendre de l’avion.
Pour les plus coquettes, bonne nouvelle : il n’est pas interdit d’être élégante ! Vous pouvez porter le foulard à la façon Grace Kelly, joliment drapé, laissant entrevoir un peu de chevelure. L’essentiel est de rester chic, discret et respectueux.
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Le beau combat des femmes Iraniennes
Depuis la mort de Mahsa Amini, en septembre 2022, arrêtée par la police des mœurs pour avoir mal porté son voile, une vague de colère et de révolte a déferlé sur tout l’Iran.
Des milliers de femmes, rejointes par de nombreux hommes, ont bravé la peur pour réclamer la fin de l’obligation du voile et davantage de libertés.
Leur mot d’ordre — « Femme, Vie, Liberté » — est devenu le symbole d’un combat universel contre l’oppression.
Dans les rues, des Iraniennes ont retiré, brûlé ou brandi leur foulard comme un acte de résistance.
Face à ce mouvement sans précédent, le régime a répondu par une répression violente et implacable.
Arrestations arbitraires, emprisonnements, passages à tabac et exécutions ont marqué cette lutte courageuse.
Malgré la peur, les femmes continuent à défier le pouvoir, parfois simplement en marchant tête nue dans les rues.
Le mouvement s’est étendu aux universités, aux stades, aux écoles, et a profondément ébranlé la société iranienne.
Aujourd’hui encore, le voile reste obligatoire, mais son respect n’est plus total, preuve que la société iranienne a changé.
Le combat des femmes iraniennes dépasse les frontières : il incarne l’espoir d’un avenir plus libre et plus juste pour tout un peuple.
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👨 Pour les hommes :
C’est bien plus simple !
Les shorts sont interdits, donc pantalon obligatoire, mais tee-shirts et chemises sont permis.
Les bras nus ne posent pas de problème, à condition d’éviter les couleurs trop vives : préférez le beige, le bleu marine, le marron, le blanc ou le noir.
Voilà, vous êtes parés pour explorer l’Iran en toute sérénité ! 🇮🇷
Première journée à Téhéran
Téhéran : تهران
Capitale et plus grande ville d'Iran, Téhéran est située dans le Nord du pays, au pied des monts Elbourz. Elle donne également son nom à la province dont elle est la capitale.
Nichée dans une vaste plaine qui descend en pente douce vers le sud, la ville s’étage à différentes altitudes :
environ 1 100 m au Sud, 1 200 m au centre, et jusqu’à 1 700 m au Nord.
La Tour Azadi :
Symbole emblématique de la ville, la Tour Azadi s’élève à 45 mètres de hauteur et est entièrement recouverte d’environ 25 000 plaques de marbre blanc d’Ispahan.
Édifiée en 1971 pour commémorer les 2 500 ans de l’Empire perse, elle mêle harmonieusement architecture traditionnelle iranienne et modernité, représentant à la fois le passé glorieux et l’avenir du pays.
Le lendemain, nous sommes allés visiter le Musée national d’archéologie de Téhéran, un lieu fascinant retraçant l’histoire millénaire de la Perse, des premières civilisations mésopotamiennes jusqu’à l’époque islamique.
Le Musée national d’Archéologique de Téhéran :
Inauguré en 1937, le Musée national d’archéologie de Téhéran abrite l’une des plus riches collections d’antiquités du pays. On y découvre de superbes vestiges de la Perse antique, témoins de plusieurs millénaires d’histoire.
Les salles présentent une grande variété d’objets : poteries, outils en métal, sculptures, pièces de monnaie anciennes, manuscrits, bas-reliefs et fresques magnifiquement conservés.
Chaque vitrine raconte une part de la splendeur passée de l’empire perse, de Suse à Persépolis, en passant par les grandes civilisations mèdes, achéménides et sassanides.
C’est un lieu captivant où l’on ressent tout le poids de l’histoire et la richesse culturelle d’un peuple dont les racines plongent au cœur des âges.
Après cette belle visite du musée, nous avons pris la direction de l’aéroport de Téhéran pour un vol à destination de Shiraz.
À notre arrivée, un nouveau chauffeur nous attendait, prêt à nous faire découvrir cette ville légendaire.
Shiraz : شیراز
Située dans le centre-Sud de l’Iran, Shiraz est une cité emblématique, réputée pour son histoire millénaire, ses jardins somptueux et sa culture poétique.
Ancienne capitale de la Perse, elle fut longtemps un haut lieu des arts, des lettres et de la spiritualité soufie. On y ressent une atmosphère paisible et raffinée, empreinte de poésie.
Le Mausolée de Hafez :
Entièrement réalisé en marbre, le mausolée rend hommage au poète mystique Hafez, figure emblématique de la littérature persane.
Le monument, entouré d’un superbe jardin, est un lieu de recueillement et d’inspiration.
Né vers 1325 à Shiraz, Hafez a laissé une œuvre magistrale : ses ghazals, poèmes lyriques aux thèmes mystiques, célèbrent l’amour, la beauté, le vin et la quête spirituelle.
Les Iraniens continuent de le vénérer ; nombreux sont ceux qui viennent y réciter ses vers ou tirer des présages de son recueil, comme d’un oracle.
Le Mausolée de Saadi :
Nous avons ensuite visité le mausolée de Saadi, édifié en 1952 par l’architecte français André Godard à la sortie Nord-Est de la ville.
Saadi, né vers 1210 et mort à la fin du XIIIᵉ siècle, est l’un des plus grands poètes et sages de la Perse.
Ses deux œuvres majeures, le Golestan (Jardin de Roses) et le Boustan (Jardin de Fruits), sont considérées comme des trésors de la littérature universelle, alliant poésie, morale et philosophie humaniste.
Le lieu, paisible et empreint de sérénité, invite à la méditation et au respect.
Nuit à Shiraz.
Après un bon petit déjeuner, nous avons pris la direction du centre historique de Shiraz pour découvrir quelques-uns de ses joyaux architecturaux les plus emblématiques.
La Forteresse de Karim Khan :
Édifiée vers 1766, sous le règne du premier souverain de la dynastie Zand, Karim Khan Zand, la forteresse servait à la fois de résidence royale et de siège du gouvernement.
Ses hautes murailles et ses tours imposantes lui confèrent un aspect à la fois austère et majestueux.
Une partie du complexe a été transformée en musée, aujourd’hui géré par l’Organisation du patrimoine culturel d’Iran (Muzeh-e Pars).
L’intérieur révèle de magnifiques exemples d’architecture persane, avec des céramiques, des stucs finement travaillés et des espaces de vie typiques des palais iraniens de l’époque.
La Mosquée Nasir al-Mulk :
Nous avons ensuite visité l’une des merveilles les plus célèbres de Shiraz : la Mosquée Nasir al-Mulk, aussi appelée la Mosquée Rose.
Commandée par Mirza Hasan Ali Nasir al-Molk, un seigneur de la dynastie Qadjar, sa construction s’est achevée
en 1888.
C’est un véritable chef-d’œuvre de lumière et de couleur.
Sa façade et ses intérieurs sont ornés de vitraux multicolores, de carreaux de faïence délicatement peints et d’éléments architecturaux traditionnels persans comme les panj kāseh-i (“cinq concaves”).
À l’intérieur, lorsque les premiers rayons du soleil traversent les vitraux, ils inondent le sol de mosaïques de lumière, créant une atmosphère magique et presque irréelle.
Le Palais Bagh-e Eram :
Enfin, nous avons terminé la journée au Palais Bagh-e Eram, au cœur d’un somptueux jardin persan classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Son nom, Eram, signifie “jardin du Paradis”, un titre à la hauteur de sa beauté.
Le jardin, conçu au XIXᵉ siècle autour d’un élégant palais de l’époque qadjare, était à l’origine réservé à l’élite administrative et féodale de la province du Fars.
Les murs et les plafonds du palais sont richement décorés d’éclats de miroirs et de verre, reflétant la lumière dans une profusion de couleurs.
Entre les cyprès, les bassins et les roseraies, on comprend pourquoi les Iraniens considèrent leurs jardins comme une représentation terrestre du paradis.
Deuxième nuit à Shiraz.
Le lendemain, nous avons commencé la journée par la visite de la Mosquée Vakil, l’un des joyaux architecturaux de Shiraz.
La Mosquée Vakil :
Construite entre 1751 et 1773, sous la dynastie Zand, cette mosquée fut restaurée au XIXᵉ siècle pendant la période Kadjar.
Elle se distingue des mosquées traditionnelles d’Iran par sa structure atypique : elle ne comporte que deux iwans (grands porches voûtés) au lieu des quatre habituels, disposés au nord et au sud d’une vaste cour ouverte.
Les murs et les voûtes sont recouverts de superbes céramiques haft rangi (“sept couleurs”), typiques de l’art décoratif de Shiraz au XVIIIᵉ siècle.
Ces carreaux aux tons vifs de turquoise, de rose et de jaune reflètent tout le raffinement artistique persan.
À l’intérieur, la salle de prière hypostyle impressionne par ses 48 colonnes torsadées taillées dans la pierre, d’une symétrie parfaite, créant un effet visuel fascinant.
La Mosquée Masjid-i Atiq :
Un peu plus loin, nous avons poursuivi notre visite avec la Mosquée Masjid-i Atiq, un lieu de culte parmi les plus anciens de Shiraz.
Édifiée pour la première fois en 875, sous le règne du souverain safaride Amr b. al-Layth (878–900), elle fut à plusieurs reprises reconstruite, restaurée et agrandie au fil des siècles.
La majeure partie de l’édifice actuel, organisé autour de quatre iwans, date du XVIIᵉ siècle.
Malgré les nombreux tremblements de terre qui l’ont endommagée, la mosquée a fait l’objet d’une restauration complète après 1935, permettant de préserver sa beauté et son atmosphère spirituelle si particulière.
Ses mosaïques vieillies par le temps et ses arcades de brique dégagent une authenticité rare, témoin du Shiraz médiéval.
Le Bazar couvert de Vakil :
Juste à côté, nous avons arpenté les allées animées du Bazar couvert de Vakil, le cœur commerçant de Shiraz.
Ce vaste labyrinthe de ruelles voûtées, fondé à la même époque que la mosquée, regorge d’échoppes traditionnelles où l’on trouve des tapis persans, des épices parfumées, des bijoux en argent, des tissus colorés, et toutes sortes de produits artisanaux.
L’ambiance y est chaleureuse et authentique : les marchands saluent avec le sourire, les senteurs de safran et de cardamome flottent dans l’air, et le bruit des pas se mêle au cliquetis des balances et aux rires des clients.
C’est une immersion totale dans la vie quotidienne iranienne.
Shiraz est également le point d’accès principal à Persépolis, l’un des sites archéologiques les plus impressionnants du monde antique, situé à environ 1 heure de route vers le Nord-Est.
C’est là que nous avons mis le cap pour la suite de notre aventure persane.
Persepolis : تخت جمشید
Situé dans la plaine de Marvdasht, au pied de la montagne Kuh-e Rahmat (“la Montagne de la Miséricorde“), à environ 75 km de Shiraz, le site de Persépolis fut l’une des capitales de l’empire perse achéménide au VIᵉ siècle av. J.-C..
Son édification commença vers 521 av. J.-C., sur ordre du grand roi Darius Ier, et se poursuivit sous ses successeurs.
Véritable symbole de la grandeur et de la puissance de la Perse antique, Persépolis était conçue pour impressionner les délégations venues des quatre coins de l’empire. Ses immenses terrasses, ses escaliers monumentaux et ses bas-reliefs d’une finesse extraordinaire racontent la gloire d’un empire qui s’étendait des rives de la Méditerranée jusqu’aux montagnes de l’Indus.
Site coup de cœur
Aujourd’hui encore, même en ruines, le site dégage une force presque mystique.
On imagine sans peine les processions solennelles montant les escaliers de la Porte de toutes les Nations, les colonnes géantes du Palais d’Apadana, les lions sculptés affrontant les taureaux ailés, symboles de puissance et d’équilibre.
Classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, Persépolis fascine autant par sa beauté que par son destin tragique : elle fut presque entièrement détruite par Alexandre le Grand en 330 av. J.-C., après la conquête de l’empire perse.
Malgré cela, les vestiges de pierre demeurent d’une majesté saisissante, témoignage éternel d’une civilisation raffinée et visionnaire.
Tombe d'Artaxerxes II :
Parmi les tombeaux royaux creusés dans la falaise de Naqsh-e Rostam, se trouve celui attribué à Artaxerxès II Mnémon, dont le nom signifie “celui qui a de la mémoire“.
Roi de Perse de 404 à 358 av. J.-C., il régna durant une période marquée par des tensions internes et des révoltes provinciales, notamment en Égypte, qu’il gouverna brièvement avant que celle-ci ne retrouve son indépendance.
Son long règne fut aussi celui d’un empire immense qu’il dut sans cesse défendre et réorganiser. Artaxerxès II fut connu pour sa piété et pour avoir favorisé la construction et la restauration de nombreux temples dédiés aux dieux perses, notamment à Anahita, déesse des eaux et de la fertilité.
Sa tombe, majestueusement taillée dans la roche, reflète la grandeur et la solennité du pouvoir achéménide. Comme pour ses prédécesseurs, la façade cruciforme est ornée de bas-reliefs représentant le roi debout sur un piédestal, recevant la bénédiction des divinités.
Face à cette œuvre monumentale, on ressent tout le poids de l’histoire perse et le respect voué à ces souverains qui ont façonné l’un des plus vastes empires de l’Antiquité.
À environ 5 km au Nord-Ouest de Persépolis, se trouve un autre site archéologique majeur : Naqsh-e Rostam, littéralement “l’Image de Rostam“, du nom d’un héros légendaire du Livre des Rois (Shahnameh).
Naqsh-e Rostam : نقش رستم
À environ 5 km au Nord-Ouest de Persépolis, se trouve un autre site archéologique majeur : Naqsh-e Rostam, littéralement “l’Image de Rostam“, du nom d’un héros légendaire du Livre des Rois (Shahnameh).
Creusé dans une falaise abrupte, ce lieu sacré abrite quatre tombes royales achéménides monumentales, taillées directement dans la roche sous la forme de croix.
L’une d’elles, identifiée grâce à ses inscriptions, est celle de Darius Ier. Les trois autres, selon les historiens, seraient celles de Xerxès Ier, Artaxerxès Ier et Darius II, bien qu’aucune inscription ne permette de les attribuer avec certitude.
Sous ces tombeaux grandioses, on découvre également sept bas-reliefs sassanides d’une taille impressionnante, sculptés plusieurs siècles plus tard, célébrant les victoires et les cérémonies royales des souverains de la dynastie sassanide.
C’est un lieu chargé de symboles, où se croisent les échos de plusieurs empires et de plus de deux millénaires d’histoire perse.
Iṣfahân : اصفهان
Après cinq heures de route depuis Persépolis, nous avons découvert Iṣfahān, capitale artistique et commerciale de l’Iran sous les Safavides. Située au centre du plateau iranien et irriguée par la rivière Zayandeh, cette ville est une véritable oasis de verdure et de fraîcheur, contrastant avec l’aridité des plaines désertiques qui l’entourent.
Les habitants la considèrent comme l’une des plus belles villes du monde, et il est facile de comprendre pourquoi en se promenant dans ses ruelles paisibles et ses places majestueuses.
Nous avons commencé par la Place Naghsh-e Jahan, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, un espace gigantesque de 512 mètres sur 163 mètres, entouré de monuments emblématiques et animé par les commerces traditionnels et les cafés.
La Grande Mosquée du Shâh :
La Grande Mosquée du Shâh, ou Mosquée de l’Imam, domine la place avec son immense dôme bleu et ses mosaïques raffinées. Construite sous le règne de Chah Abbas Ier entre 1612 et 1630, elle offre un spectacle d’une harmonie parfaite où les teintes de bleu profond, de jaune et de vert s’entrelacent pour sublimer l’architecture islamique.
La Mosquée du Cheikh Lotfallah :
Plus intime et délicate, elle fut construite entre 1598 et 1619 et servait principalement de lieu de prière privé pour le souverain. Son décor intérieur, à base d’onyx jaune et de céramiques émaillées, est d’une finesse remarquable et reflète l’élégance et la sobriété de l’art safavide.
Après avoir visité ces deux superbes mosquées, nous sommes partis admirer le pont Si-o-se-pol.
Le Pont Si-o-se-pol :
Construit vers 1608, il est long de 132 mètres et ponctué de 33 arches. Ce pont emblématique n’est pas seulement un passage sur la rivière Zayandeh, il est aussi un lieu de promenade et de détente, où l’on peut observer le jeu de la lumière sur l’eau et écouter le murmure de la rivière à travers les arcades. Les Iraniens aiment s’y retrouver en famille ou entre amis, et l’ambiance y est à la fois vivante et paisible.
Iṣfahān, par son mélange de majesté architecturale et de vie quotidienne animée, incarne parfaitement la richesse culturelle et artistique de l’Iran, un lieu où chaque pierre raconte l’histoire d’un empire et où le temps semble suspendu entre ciel et terre.
Séjour à l’hôtel Abbasi
Lors de notre séjour à Iṣfahān, nous avons eu la chance de loger à l’hôtel Abbasi, situé en plein centre-ville. Ce lieu est exceptionnel, non seulement par son confort, mais aussi par son histoire. Construit au XVIIe siècle par le sultan Hossein, il servait à l’origine de caravansérail, de madrassa et de bazar, et portait le nom de Mādarschāh Kārwānsarā, le caravansérail de la reine-mère.
L’hôtel conserve encore aujourd’hui un magnifique jardin persan carré, de quatre-vingts mètres de côté, avec son howz central, une fontaine typique qui reflète le ciel et apporte fraîcheur et sérénité. Le bâtiment a été restauré en 1957 par l’archéologue français André Godard, puis transformé en hôtel de luxe 5 étoiles.
C’est un endroit idéal pour se détendre après une journée de visites : prendre un verre ou dîner dans les jardins, admirer les plafonds richement décorés et la lumière filtrant à travers les fenêtres, tout en profitant de la quiétude des lieux.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Petite anecdote... 😄
Une particularité à noter : toutes les trente minutes, une voix féminine, en arabe, résonne dans l’hôtel pour rappeler aux femmes de porter correctement le hijab, conformément à la législation en vigueur dans la République islamique d’Iran.
Le message disait.
“Mesdames, que vous soyez iraniennes ou étrangères, indépendamment de votre foi, vous devez vous conformer à la législation qui oblige à porter le voile dans les lieux publics“.
Cela montre bien le mélange fascinant entre patrimoine historique, confort moderne et contraintes culturelles contemporaines.
Séjourner à l’hôtel Abbasi, c’est donc à la fois plonger dans l’histoire persane et prendre conscience des réalités sociales et légales d’aujourd’hui.
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Abyaneh : ابيانه
Le lendemain, nous avons pris la route pour Abyaneh, un des plus anciens villages d’Iran, situé à environ 176 km d’Iṣfahān, soit près de deux heures de route à travers des paysages montagneux magnifiques. Ce petit village montagnard, perché dans la région de Natanz, est immédiatement reconnaissable à la couleur ocre de ses maisons, résultat de la richesse du sol en oxyde de fer.
Les maisons sont construites en briques de terre séchées, assemblées avec un mélange d’eau, de paille et de terre, selon la technique traditionnelle du pisé, qui confère aux habitations un charme à la fois rustique et harmonieux.
Abyaneh est également célèbre pour les costumes traditionnels des femmes, aux couleurs vives et bariolées, qui semblent immuables au fil des siècles. Ici, contrairement aux grandes villes, les femmes peuvent porter des vêtements colorés, reflétant leur identité culturelle et la richesse de leur héritage.
Se promener dans ses ruelles étroites, où chaque maison, chaque pierre raconte l’histoire de générations d’habitants, est un véritable voyage dans le temps. Le village d’Abyaneh allie beauté naturelle, authenticité architecturale et traditions vivantes, offrant un aperçu unique du patrimoine persan rural, loin de l’agitation des grandes villes.
Après cette magnifique escapade à Abyaneh, nous avons repris la route pour Iṣfahān, traversant la belle région de Natanz. Le retour fut l’occasion de contempler à nouveau les paysages arides montagneux et les vallées verdoyantes, un contraste saisissant avec l’ocre des villages anciens que nous venions de visiter.
De retour à Iṣfahān, nous avons passé notre dernière soirée dans cette ville magique, profitant de l’atmosphère paisible et des lumières du soir qui donnaient un éclat particulier à ses ponts et mosquées.
Le lendemain matin, notre chauffeur et notre guide étaient déjà prêts pour reprendre la route en direction de Kashan, petite perle située entre Téhéran et Iṣfahān.
Kashan : كاشان
Cette ville est la première grande oasis que l’on rencontre en longeant les déserts du centre de l’Iran, le long de la
route entre Qom et Kerman. Son attrait principal réside dans le contraste saisissant entre les déserts arides et la verdure soigneusement entretenue des oasis, symbole de vie au milieu de l’aridité.
La Maison des Boroudjerdi :
C'est un chef-d'œuvre de l’architecture résidentielle persane traditionnelle, conçue par l’architecte Ustad Ali Maryam en 1857. Cette somptueuse demeure possède trois badgirs de 40 mètres, ces tours à vent traditionnelles qui permettent de rafraîchir naturellement l’intérieur pendant les journées chaudes.
La construction dura dix-huit ans et mobilisa cent cinquante ouvriers, témoignant de la minutie et de l’ingéniosité des artisans de l’époque.
La Mosquée Agha Bozorg :
Construite à la fin du XVIIIe siècle, la Mosquée Agha Bozorg est un exemple remarquable de l’architecture religieuse persane de Kashan. Sa beauté réside dans sa sobriété et l’harmonie de ses proportions.
Conçue à la fois comme lieu de prière et madrasa (école religieuse), elle se distingue par sa cour centrale entourée d’arcades élégantes et ses badgirs (tours à vent) qui ventilent naturellement l’édifice. Le mihrab et le minbar sont délicatement décorés de carreaux de faïence aux motifs géométriques et floraux typiques de l’Iran.
L’ensemble dégage un sentiment de calme et de sérénité, reflétant parfaitement l’esprit spirituel et pédagogique du lieu.
Tranquillement nous sommes rentrés sur Téhéran pour y passer notre dernière nuit en Iran avant de rentrer en France.
Conclusion : Mon voyage en Iran m’a permis de découvrir un pays fascinant, encore largement hors des sentiers battus. Malgré les contraintes liées au régime totalitaire, l’Iran recèle des trésors naturels et culturels d’une richesse incroyable, que peu de voyageurs ont la chance de voir. Chaque ville, chaque village, chaque site historique témoigne de milliers d’années d’histoire et d’une civilisation ancienne et raffinée.
Le contact avec les Iraniens est très facile : ils sont souriants, avenants et curieux de l’autre, toujours prêts à partager un moment ou à raconter l’histoire de leur pays.
On se sent en sécurité, ce qui fait de l’Iran l’un des pays les plus sûrs où j’ai eu la chance de voyager, aux côtés de destinations comme la Syrie ou la Jordanie. L’absence de grande délinquance et le respect des règles donnent un sentiment de sérénité rare.
En résumé, n’hésitez pas à venir découvrir cette contrée magnifique, avant que le tourisme de masse ne vienne altérer son authenticité et son charme si particulier. L’Iran est un pays qui se mérite, mais qui, en retour, offre des expériences inoubliables et une richesse humaine et culturelle exceptionnelle.
Carte de notre périple
© Textes et photographies : Stéphane Campagne/All rights reserved.
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